Committed to the Flames

(Voué au bûcher), The History and Rituals of a secret masonic Rite " de Arturo de HOYOS and Brent MORRIS, Lewis Masonic, 2008

par Marc Mirabel

Plus qu'un compte rendu exhaustif de ce livre au sujet bien particulier, nous nous contenterons d'une présentation d'ensemble de cet ouvrage.

En fait, de quoi s'agit-il ?

Simplement de manuscrits (réédités en reprint par le Masonic book club de l'Illinois) à caractère maçonnique rédigés en alphabet " secret " ou crypté. Ces manuscrits étaient l'œuvre d'un maçon très actif, le F. Robert Benjamin FOLGER (1803-1892), médecin et disciple de Hahnemann. Ce dernier, pour des raisons non élucidées, avait demandé, qu'à sa mort, ces textes soient détruits par le feu, d'où le titre du livre.

Mais quel était le contenu de ces manuscrits?

Il semble qu'il s'agisse de rituels du R.E.R. qu'un autre maçon, ami de FOLGER, Hans GRAM lui avait confié après son retour d'Europe. En effet, le F. GRAMS avait accompli une partie de ses études de médecine à Copenhague et avait été initié le 03/11/1819 au sein de la loge " Zorobabel et Frédéric à l'Espérance couronnée ", loge qui était une fusion de 2 loges antérieures. Cela signifierait donc qu'à cette époque le R.E.R. était encore pratiqué dans ce pays. Cette affirmation semble douteuse et les auteurs n'apportent pas de preuves concrètes de ce qu'ils avancent. Mais on doit se rendre à l'évidence, ce sont bien des rituels rectifiés et l'on peut voir les emblèmes traditionnels de ce rite reproduits dans ces manuscrits.

Curieusement, une loge portant le nom de " Zorobabel " n° 498 fut crée le 08/06/1827 à New York avec GRAMS comme V.M. . FOLGER comme 1er S., SAYNISCH comme 2ème S. Elle n'eut qu'une existence éphémère car l'on était alors en pleine campagne anti-maçonnique. Mais il semble bien que GRAMS et les autres FF. avaient l'intention de pratiquer le R.E.R.

En fait l'ouvrage de ces deux grands érudits américains est un peu décevant car on a l'impression qu'il a été écrit et assemblé trop rapidement. Il y a de nombreuses redites. Mais toutefois, l'intérêt de ce livre réside dans le fait qu'il contient une excellente biographie de Benjamin FOLGER qui passionnera tous les FF. que la Maçonnerie américaine fascine.

Il est aussi plein d'enseignements pour ceux qui pensent que l'histoire de la Maçonnerie anglo-saxonne, britannique ou américaine se réduit à une mer d'huile. Qu'ils sachent bien que FOLGER, outre l'affaire Morgan et la guerre de Sécession, a appartenu à 6 Grandes Loges concurrentes pour le seul état de New York et à plus de 14 Suprêmes Conseils du Rite Écossais. Il a été expulsé, suspendu, radié, réintégré un grand nombre de fois. Toute sa vie, il est resté fidèle au Rite Cerneau et en plus, alors que les relations s'amélioraient à la fin du 19ème siècle entre les différentes parties en présence du Rite Écossais, FOLGER prit l'initiative de réveiller le S. C. Cerneau dont il sera le Grand Secrétaire Général du Saint-Empire jusqu'à sa mort en 1892. Inutile d'ajouter que même de nos jours, son nom n'est pas en odeur de sainteté au sein des instances supérieures de l'Ecossisme aux USA.

C'est donc un livre qui mérite quand même le détour.

Discussion :

Brent Morris, dignitaire du Suprême Conseil de la juridiction Sud américaine est, cette année, VM de la Quatuor Coronati Lodge de Londres. C’est un mathématicien qui a travaillé au service du chiffre de la CIA. Il a déjà publié une étude sur le manuscrit Folger in Ars Quatuor Coronatorum, vol. 105 (année 1992, publié en octobre 1993). Si le Rite Ecossais Rectifié est mal connu aux Etats-Unis d’Amérique, il est tout de même pratiqué par un cénacle très fermé (81 membres) de frères fascinés par ce système. Le Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte est considéré, aux Etats-Unis, comme une sorte de grade honoraire, illustration d’une maçonnerie mystique. C’est dire que c’est un sujet à défricher. Cependant une partie du « mystère » du manuscrit Folger, et au moins son origine, serait assez facile a dissipé puisque la généalogie des rituels rectifiés et maintenant bien connue.

Quant à Folger, ce fut un maçon passionné de la catégorie des mystico-occultistes plutôt étrangère à la mentalité maçonnique américaine quoique présente malgré tout par les travaux d’Albert Pike qui réécrivit nombre de rituels inspirés de l’œuvre d’Eliphas Lévi. Cependant, à sa manière, Folger fut une sorte de John Yarker à l’américaine. On dit souvent que, parmi les maçons américains, Washington est déifié, Cerneau oublié et Folger vilipendé.

Aujourd’hui, il semble qu’il y ait dans le monde anglo-saxon un regain d’intérêt pour ce rite. Par exemple, des frères anglais viennent le pratiquer en Belgique.