Tenue

21 avril 2017

Liber Latomorum est récemment entrée dans le périmètre de la Loge Nationale Mixte Française, et à ce titre sur le site d'ensemble de la Maçonnerie Traditionnelle Libre.

Par sa vocation d'études bibliographiques, elle y trouve sa place tout naturellement aux côtés des loges d'étude et recherche de la LNMF, telle la loge Court de Gébelin lettre Beta pratiquant elle aussi le Rite Français Traditionnel.

Paul Paoloni

Vénérable Maître

A été annoncée une somme de plus de 2500 pages en 5 volumes, intitulée British Freemasonry qui est la publication, chez Routledge, 2016, à New York et sous l’égide Jan Snoeck et Cécile Révauger, de tous les rituels manuscrits de la période 1717-1813 déposés dans la bibliothèque de la Grande Loge Unie d’Angleterre.

Ont été étudiés :

- L’Europe sous l’Acacia d’Yves Hivert-Messeca. Le 3e volume de cette saga étudie la franc-maçonnerie européenne au XXe siècle.

- Genèse du Rite Ecossais Ancien et Accepté ou 250 ans d’évolution des 3 grades bleus de Philippe Michel. Cet ouvrage est préfacé par Pierre Noël.

Enfin Thierry Boudignon donne un aperçu de quelques publications britanniques récentes selon un classement thématique, des publications les plus « romantiques » -pour reprendre le mot de l’école historiographique anglaise de la célèbre Loge de recherches des Quatre Couronnés- aux plus académiques.

Written in Stone de Richard Cassaro, 347 pages. Cet ouvrage se propose de décoder les secrets de la religion maçonnique cachés dans les cathédrales gothiques et autres monuments architecturaux du monde dont les inévitables pyramides égyptiennes. Ainsi les secrets de la tradition universelle seront enfin révélés… on serait tenté d’ajouter : « une fois de plus ». Ceci est bien loin des « ruines de l’ignorance gothique » dénoncées dans les Constitutions de 1723. Cependant cet ouvrage prouve, s’il en était besoin, que nos Frères d’Outre-manche ne dédaignent pas ces spéculations dont on pourrait trouver à redire sur la qualité de la rigueur scientifique. Il témoigne aussi de cet irrépressible rêve « égyptien » qui a irrigué la franc-maçonnerie ainsi que de cette « religio duplex » énoncée par Jan Assman, cette religion double, de substitution, cachée, secrète, intérieure que serait pour certains la franc-maçonnerie.

The Masonic Tarot, jeu de cartes avec livret introductif en plusieurs langues disponibles dont le français. Les relations entre le Tarot et la franc-maçonnerie sont assez anciennes et c’est Antoine Court de Gébelin, décédé en 1784, qui en fut l’initiateur. Ici l’éditeur nous explique que les 4 éléments alchimiques sont aussi des symboles maçonniques. Il serait plus juste de dire qu’ils le sont devenus –car ils ne sont pas d’origine, comme beaucoup d’autres d'ailleurs- au cours des innombrables transmutations de la franc-maçonnerie en 3 siècles d’histoire, et grosso modo au début du XIXe siècle.

Freemasonry for beginners de Robert Lomas. Cet auteur nous avait habitués à des ouvrages plus exotiques comme La Clef d’Hiram (Dervy) où il était question des pharaons, d’un Jésus secret, des francs-maçons, etc. ou plus récemment The Lewis, Guide to Masonic symbols où il révèle une symbolique qui est la clef de l'histoire de l'humanité. Rien que ça ! Cet ouvrage semble plus posé et reprend le discours officiel de la Grande Loge Unie d’Angleterre : la franc-maçonnerie n’est pas une religion mais une sorte de société morale et spirituelle destinée à rendre ses membres meilleurs citoyens. Dans la franc-maçonnerie anglaise coexistent ainsi –et la personne de Robert Lomas en est un bon exemple- une vision raisonnable, posée, respectueuse des institutions et de la société et une vision plus débridée ouvertes aux rêves les plus divers.

Horatio Admiral Lord Nelson, Was Lord Nelson a Freemason ? par John Webb. En France, nous avons un des serpents de mer maçonnique qui est la question de la supposée appartenance maçonnique de Bonaparte. En Angleterre, évidemment, ce ne pouvait être que Nelson, le vainqueur de Trafalgar ! Comme toujours dans ces cas-là, à défaut de preuves formelles, on cherche des indices, et ils sont nombreux, pour Nelson comme pour l’Empereur, les francs-maçons qui étaient dans leur entourage, mais…

The History of the Formation the Grand Lodge of England in 1717 par Ric Berman. C’est une conférence prestonienne, autant dire que c’est un travail sérieux comme sait le faire l’auteur. Il nous propose de nouvelles lumières sur ces premières années de la franc-maçonnerie anglaise. Il souligne ainsi les liens entre la franc-maçonnerie et l’ « establishement », entre ses leaders et le gouvernement britannique et comment la franc-maçonnerie servit la cause de la diplomatie britannique –ce fut particulièrement remarquable plus tard au XIXe siècle à l’apogée de l’Empire- et même de l’espionnage au service de Sa Majesté.

Over 300 years of Masonic Ritual de Martin Gandoff. Publié à l’occasion du tricentenaire de la franc-maçonnerie anglaise, l’auteur aborde les questions suivantes : les origines de la Franc-maçonnerie ; ce qui était pratiqué de 1200 à 1700 (vaste programme) ; pourquoi la « Premier Grand Lodge » a été créée ? ; Quels ont été les effets sur la pratique maçonnique ? ; Comment et pourquoi les rituels ont évolué au cours des âges.

The treasures of English Freemasonry 1717-2017 de Richard Gan. Classé dans la catégorie « Beau livre », cet ouvrage de 305 p. élaboré en collaboration avec la bibliothèque et le musée de la GLUA, s’inscrit bien évidemment dans le cadre des 300 ans de la franc-maçonnerie anglaise.

Serendipity par Harry Mendoza (Lewis Masonic books, 1995). Cet ouvrage, comme on le voit par sa date d’édition n’est pas une nouveauté. Nous le signalons cependant parce qu’il a d’indéniables qualités et aussi parce qu’il est disponible, en solde en quelque sorte, pour le prix de 2£50!

Très bien illustré ce livre nous propose une découverte des loges et des chapitres de l'Arc Royal de la Grande Loge Unie d'Angleterre à travers leurs numéros, leurs noms et leurs bannières.

L'auteur, membre des Quatuor Coronati et spécialiste de l'Arc Royal, nous retrace d'abord l'histoire et nous explique le principe de numérotation et de renumérotation des Loges en Angleterre.

A travers une sorte de répertoire des Loges, il étudie ensuite leurs noms qui sont classés par thèmes. On rencontre soit des loges dont le nom est lié à des personnages de l'histoire romaine ou saxonne, soit des Loges ayant reçu le nom du milieu dans lequel elles recrutent, par exemple le milieu des assurances, des architectes, de l'aéronautique, le milieu ecclésiastique, la police (la Loge Stuart, n°1632, constituée en 1876, ou la Loge Justicia, n°2563, constituée en 1895, pour les Chiefs Inspectors of Police and above...), les employés de banque (la Loge Holden, n°2946, constituée en 1902, pour les Midland Bank employees, la Loge Lothbury, n°3612, constituée en 1912, pour les Barclays Bank employees, la Loge Dominicos, n°5262, constituée en 1931, pour les employees of Barclays Bank Dominion, Colonial and Overseas department, la Loge Black horse of Lombard Street, n°4155, constituée en 1920, pour les Lloyds Bank employees), etc.

Vu de France, on serait tenter de penser que ce type de recrutement est une sorte une dérive, professionnelle et affairiste de la Maçonnerie comme on peut le voir dans diverses « fraternelles ». Et certes les anti-maçons –et même en Angleterre- ne s’en sont privés. Mais vu de l’autre côté du Channel où la franc-maçonnerie est une institution totalement intégrée dans la société et la culture anglaise, cela pose moins de problème et est quasi normal, en s’apparentant aux innombrables sociétés d’entraide mutuelles ritualisées.

Harry Mendoza continue sa liste avec des Loges portant des noms de rois, reines, ducs, princes, marquis, comtes et barons, d'autres portant des noms de saints, d'autres encore des noms d'écoles et d'universités (la Loge Apollo University, n°357, constituée en 1786 à Oxford).