Aperçus sur la maçonnerie anglo-saxonne à travers les revues

par Thierry Boudignon

La Chaîne d’Union, n° 39, (janvier 2007), p. 7-8, et Masonica, n° H.S. (décembre 2006, p. 48-49) évoquent la politique de recherche de reconnaissance de la Grande Loge de France.

La recherche d’une reconnaissance internationale par la GLDF n’est pas une longe route tranquille depuis 1945. Au sortir du traumatisme de la guerre le projet de fusion avec le Grand Orient de France qui aurait pu aller de soi tant l’épreuve avait été terrible échoua à l’initiative de la GLDF qui avait le projet d’être reconnue par les obédiences anglo-saxonnes. Toute la problématique de la GLDF est sans doute résumée ici : elle est composée de frères des 2 tendances, ceux tournés vers le GODF et ceux tournés vers la " régularité ". En septembre 1954, la GLDF rétablit le Volume de la Loi Sacrée sur l’autel et en 1955 entame des négociations avec la Grande Loge Nationale Française donc avec la Grande Loge Unie d’Angleterre. Ces négociations auxquelles fut associé le GODF de février à juin 1959 échouent elles aussi lorsque que la GLUA déclara que la GLDF était irrégulière. En 1964 finalement la GLDF signe, les 4/17 septembre, un traité avec le GODF. Des frères du Suprême Conseil, favorables à la " régularité ", quittent la GLDF. Cela illustre un autre problème de la GLDF : les relations difficiles avec les Hauts grades et le Suprême Conseil.

Freemasonry Today, n° 41, été 2007.

Le Grand Maître de la GLUA, le duc de Kent, se " plaît à reconnaître formellement l’existence et la régularité, la souveraineté et l’indépendance d’ordres tels que : la Marque, le Rite Ancien et Accepté, les Chevaliers Templiers, le Royal Ark Mariner, la Croix Rouge de Constantin " etc. Il reconnaît aussi le rôle que joue ces ordres pour donner aux frères une vue plus étendue de la tradition maçonnique. Presque 2 siècles après la vigoureuse politique anti hauts grades menée par le duc de Sussex, GM de la GLUA de 1813 à 1843, on voit ici le chemin parcouru.

Le Régime Ecossais Rectifié s’implante en Angleterre. Selon la revue, ce rite remonte à l’année 1754 et est organisé en 6 grades ou degrés. Le 4e grade ou degré est délivré en 2 parties. Les 5e et 6e degrés (Ecuyer novice et Chevalier Bienfaisants de la Cité Sainte) sont délivrés en commanderie. L’ordre des CBCS est dirigé par un GM, Leslie Felgate Dring, qui est également GM des Chevaliers Templiers. C’est donc une transmission de la tradition Suisse qui, en 1893, a découpé le 4e grade originel de 1809. Quant à la réflexion sur les rapports du RER avec l’Ordre du Temple, elle est encore à conduire (cf. infra).

Les effectifs de la GLUA : James W. Daniel, passé Grand Secrétaire de la GLUA donne 262 773 membres pour 8357 loges (y compris l’Outre-mer), 26000 membres pour la GL d’Irlande et 100 000 membres pour la GL d’Ecosse (y compris l’Outre-mer) in Géopolitique, n° 97, janvier 2007, p. 59-60.

Dans un autre article de cette même revue " Géopolitique de la Franc-Maçonnerie libérale ", Pierre Mollier accorde 140000 membres à la franc-maçonnerie française (p. 19).

Freemasonry Today, "The Independant Voice of Freemasonry", annonce sa fusion avec MQ (Masonic Quaterly), la revue officielle de la GLUA, pour former une nouvelle revue qui deviendra la nouvelle revue officielle de la GLUA. A cette occasion, FT publie un numéro spécial de 244 pages reprenant les meilleurs articles de 10 dernières (et premières) années. Lord Northampton, Pro GM de la GLUA présente lui-même cette nouvelle orientation de FT comme le fruit et l’illustration de la politique d’ouverture au monde menée par ladite GLUA depuis 10 ans (p. 5).

The Square, septembre 2007.

Après 15 ans de bons et loyaux services Leo Zanelli passe la main et le nouveau rédacteur en chef est Mike Porter (on lira son portrait dans le n° de The Square de juin 2007, p. 5. On trouvera un tableau de la Marque non daté, p. 21. Ouvrage paru : Freemasonry and Religion, Many Faiths, One Brothehood, actes du colloque de Canonbury). S’il souhaite faire entrer la revue dans une " ère nouvelle ", par exemple en changeant son format dès le prochain n° de décembre, il insiste cependant sur une continuité forte, celle de l’indépendance de la revue. La seule revue maçonnique indépendante insiste-t-il, visant évidemment Freemasonry Today… (éditorial, p. 3). Une démonstration de cette indépendance est donnée par un article rédigé, entre autre, par le Grand Secrétaire de la Grand Lodge of All England at York, obédience nouvelle qui se réfère au roi Athelstan (926) mais qui a été fondée plus prosaïquement en 2005. Il s’agit, dans cet article, de montrer ce qu’est la vraie maçonnerie anglo-saxonne. Et ce n’est sûrement pas la GLUA qui a modifié ses rituels et qui ignorent les principes élémentaires de la démocratie...

L’utopie et la franc-maçonnerie intéressent les chercheurs. Le Canonbury Masonic Research Centre tiendra sa 9e conférence internationale (3 et 4 novembre 2007) sur le thème " Visions de l’Utopie : Maçonnerie, Religions et Esotérisme ". Pierre Mollier parlera des utopistes français et la franc-maçonnerie au XIXè siècle (p. 4).

Les Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte sont à l’honneur (p. 8-9). Cet ordre, encore mal connu en Angleterre comme on l’a vu plus haut, est présenté ici comme réservé à ceux qui croient à la Sainte Trinité et étant fondé sur une tradition remontant à l’Ordre du Temple. Apparemment l’acte de renonciation à la filiation templière adopté au convent de Wilhelmsbad en 1782 n’a pas encore traversé le Channel. Importé de Suisse en Angleterre avant la seconde guerre mondiale (en 1937) l’ordre y est resté confidentiel et n’a commencé à se développer que depuis 4 ans. La création de 4 préfectures est prévue dans les 18 prochains mois.

Renaissance Traditionnelle, n° 146 (avril 2006).

A noter un article de Raymond Dhelin sur l’installation du Maître de Loge en 1822 en France.