Gavin Ashenden, Charles Williams. Alchemy and integration,

Kent State Unviversity Press, 2008, 276 p.

par Francis Delon

Cet ouvrage a fait l'objet d'une analyse de Rowan WILLIAMS, très controversé Archevêque de Canterbury mais ancien remarquable Professeur de Théologie à Oxford, dans The Times Literary Supplement du 20 juin 2008.

Comme ses contemporains J.R.R. Tolkien et C.S. Lewis, qui lui témoignèrent toujours une profonde antipathie, Charles Walter Stansby Williams (1886-1946) appartient à la catégorie des "noircisseurs d'encre" qui jouèrent un rôle non négligeable dans la littérature anglaise de la première moitié du XXè siècle.

Formé à St Albans puis à l'University College de Londres, il travailla de 1908 à sa mort auprès de la maison d'édition londonienne des Oxford University Press. Après des premiers poèmes et des pièces, qu'il portera plus tard en piètre estime, il commença à publier des romans portant, pour l'essentiel, sur des thèmes surnaturels comme War in Heaven (1930), Descent into Hell (1937) et All Hallow's Eve (1944), mais également un drame en vers Thomas Cranmer of Canterbury écrit pour le festival de Canterbury de 1936.

La plus significative de ses contributions théologiques est, sans aucun doute, The Descent of the Dove (1939), une étude peu conventionnelle mais profonde sur l'action de l'Esprit Saint dans le gouvernement de l'Eglise au cours de l'histoire. Ses principales idées théologiques, reposant sur une conception de l'amour romantique dans lequel l'image de Dieu s'incarne dans la personne de l'amant, est largement exposée dans son étude sur Dante, The Figure of Beatrice (1943).

Son oeuvre poétique, pour sa part, est enracinée dans la légende arthurienne : Taliesin through Logres (1938) et The Region of the Summer Stars (1944).

Dans cette nouvelle biographie, l'auteur met notamment l'accent sur l'implication, largement méconnue, dans les années 1910-1920 de Charles Williams dans la Fellowship of the Rosy Cross, le groupe qui rompit sous la direction d'A.E. Waite avec l'Ordre de la Golden Dawn et essaya d'adapter la tradition rosicrucienne occidentale au contexte britannique en rejetant le rituel magique au sens strict et en s'appuyant davantage sur les sources juives et chrétiennes.

Il est évident, en effet, que l'intérêt de Charles Williams pour la Kabbale provient presqu'entièrement de Waite. Bien qu'il ait cessé d'être impliqué dans la Fellowship au début des années 1930, on retrouve d'innombrables emprunts au vocabulaire et aux idées de Waite dans ses romans et dans le cycle arthurien du Taliesin.

Discussion :

La fringe masonry ou maçonnerie des marges a une longue histoire en Angleterre. C’est l’occasion de rappeler de l’œuvre J.S.M. Ward (1885-1949) maçon spiritualiste qui s’intéressait à beaucoup de choses, de la société théosophique à la Grande Triade, et dont les livrets de l’Apprenti, Compagnon, etc. sont constamment réédités. Le Livret de l’Apprenti vient d’être publié en français aux éditions de la Hutte. (Cf. compte rendu in Le Lettre de l’Iderm, n° 2009-2)