The Open Door or The History of the Order of Women Freemasons

par Ann Pilcher - Dayton édité par cette organisation en septembre 2008. Diffusé par Lewis Masonic.

par Marc Mirabel

Le titre de ce livre se veut une allusion à l'admission tardive des femmes dans la Franc - Maçonnerie à la fin du 19ème siècle suite à des initiatives de quelques frères français qui, signalons le, appartenaient à la Grande Loge Symbolique de France en la Loge des " Libres Penseurs " à l' Orient du Pecq.

Nous connaissons tous l'épisode de la réception en cet atelier de Maria DERAISMES en 1882 qui devait aboutir, onze ans plus tard à la création d'une nouvelle obédience, mixte, celle là :le Droit Humain.

La première anglaise qui fut reçue était Maria MARTIN (aucun rapport avec Georges MARTIN), épouse d'un français mais qui par le biais de sa soeur Francesca ARUNDALE était une relation d'Annie BESANT, féministe notoire et bien entendu, figure éminente de la Société de Théosophie.

Ce fut donc Annie BESANT et quelques uns de ses amis qui furent reçus à Paris au sein de la loge Maria DERAISMES N°1 le 27 juillet 1902 (aux trois grades dans la même journée). Une loge fut aussitôt créée à Londres le 29 juillet suivant.

Le 26 septembre, une importante délégation française procéda à la consécration de cette loge (Human Duty n° 6) dans la salle de conférence de la Société de Théosophie de Londres et installa Annie BESANT comme son premier V.M.

A cette époque, la Société de Théosophie exerçait une grande influence sur ce que l'on nommait la Co - Masonry, Annie BESANT en devenant la présidente en 1907.

Comme il est presque de tradition en Maçonnerie, sans vouloir faire preuve de mauvais esprit , les premières dissensions se firent jour très vite.

En effet, dès 1907/1908, plusieurs membres s'opposèrent à l'équipe dirigeante pour plusieurs motifs : leur volonté de pratiquer le même système maçonnique que les FF. de la GLUA , ne plus être subordonné à un Suprême Conseil étranger et surtout se débarrasser de toute influence de la Société de Théosophie .

L'âme de cette " rebellion " fut le Révérend William COBB, un ecclésiastique londonien de tendance libérale.

Il arriva ce qui devait arriver : le 20 juin 1908 , une " Grand Lodge of England of the Honourable Order of Antient Masonry " vit le jour...

Le rituel " Taylor " fut retenu pour les travaux des trois grades bleues.

On peut donc constater que cette nouvelle organisation était très proche dans l'esprit de la GLUA dont elle se voulait un " complément ".

Toutefois, la GLUA resta sourde à toutes les demandes de reconnaissance de cette nouvelle organisation.

N'oublions pas non plus , que dès les débuts de cette Grande Loge, il fut convenu que tous les membres s'appelleraient " Frères " qu'ils soient hommes ou femmes.

Ce n'est qu'en 1935 que cette organisation prit son visage définitif.

En effet, le mot d'ordre fut " Women only ! ", seules des femmes pouvant être admises...

Au niveau des Grands Officiers, il fallut se séparer de figures historiques de la Co - Masonry , c'est à dire de Frères qui avaient consacré toute leur vie et tous leurs efforts à propager cette forme de maçonnerie.

On se doute que cela n'alla pas sans déchirements....

La direction de l'Ordre pensait qu'une organisation exclusivement féminine , ne devant rien aux hommes, auraient plus de chance, un jour, d'être reconnue par la GLUA.

Que dire de plus sur ce livre sinon qu'à partir de cette date, on ne remarque plus rien de notable dans la vie de la maçonnerie féminine anglaise ( sans aucune nuance péjorative ).

Elle se développe tranquillement dans tous ses prolongements par la pratique de tous les side degrees possibles mais avec des effectifs limités dans cette catégorie.

L'Arc Royal , la Marque et la Royal Ark Mariner semblent être assez pratiqués...

Bref, the Order of Women Freemasons est la copie conforme de la GLUA, dans toutes ses structures administratives et son organisation (existence du London Grand Rank par exemple où du Board of General Purposes !).

Elle englobe l'ensemble des îles britanniques "and abroad"....

Que cela ne vous empêche pas de vous procurer ce petit livre, très complet , surtout très bien illustré...à un prix modique et qui, et c'est ce qui nous intéresse, nous offre une documentation irremplaçable sur une maçonnerie féminine mal connue en France.

Discussion:

Cet ordre est maintenant exclusivement féminin et apparaît comme un décalque de la GLUA (mêmes grades, même rite, même organisation, mêmes honneurs) au contraire de l’AFAM (Ancient Free and Accepted Masonry) qui a pourtant la même origine et qui est né pour les mêmes raisons. L’AFAM a transmis ses hauts grades à la Grande Loge Féminine de France (cf. Liber Latomorum du 29 janvier 2008).

Y-a-t-il une évolution de la GLUA vis-à-vis de la Maçonnerie féminine ? Contrairement à la GL d’Ecosse, la GLUA n’apprécie pas l’implantation sur territoire de l’Estern Star organisation mixte d’origine américaine qu’elle considère comme peu crédible et donc préjudiciable à une maçonnerie « sérieuse ». Ceci peut-il être compris comme une ouverture à une maçonnerie féminine « sérieuse » ? On notera ainsi qu’on a peut voir une exposition sur la Franc-Maçonnerie féminine en Angleterre au sein même du Freemason’s Hall de la Grande Loge Unie d’Angleterre à Londres : Women & Freemasonry : the centenary.

Sur ce thème, la franc-maçonnerie féminine, on annonce la parution prochaine chez Véga d’un livre de Jean-Pierre Bacot, Les femmes et la franc-maçonnerie en Europe, histoire et géographie d'une inégalité.