The Clerical Profession in the long eighteenth century, 1680-1840

Par W.M. JACOB, Oxford University Press, 2009, 357 p.

Cet ouvrage a fait l’objet, dans The Times Literay Supplement du 26 juin 2009 pp. 28-29, d’une analyse de David HEMPTON, Professeur d’Histoire à l’Université de Harvard, qui a récemment publié Méthodism : Empire of the spirit (2005) et Evangelical Disenchantment (2008).

Les liens entre la Franc- Maçonnerie et l’Eglise Anglicane ne sont plus à démontrer comme l’attestent les rôles joués par les Révérends Jean- Théophile DESAGULIERS et James ANDERSON ou, au siècle suivant, par leur confrère George OLIVER, Député Grand Maître Provincial du Lincolnshire et écrivain maçonnique particulièrement fécond, sans omettre la charge de Grand Chapelain dévolue, depuis sa création en 1772 par la Grande Loge des Anciens puis en 1775 par celle des Modernes, à un dignitaire ecclésiastique.

The Clerical Profession s’inscrit ainsi dans la riche et récente littérature de défense universitaire de l’Eglise Anglicane, le vieux vaisseau comme se plaisait d’ailleurs à la dénommer Charles WESLEY.

S’appuyant sur les nombreuses synthèses réalisées par les historiens sur les diocèses comme sur les paroisses, l’auteur s’attache à présenter le clergé comme un groupe remarquablement formé, particulièrement soucieux de ses devoirs pastoraux, aussi respecté qu’honorable et probablement supérieur, à de nombreux égards, à tout autre corps de métier du XVIIIème siècle. A une époque où les dîmes sont versées sans véritable protestation, témoignant ainsi d’un déclin de l’anticléricalisme, le clergé s’impose donc comme un des piliers de la communauté villageoise dans sa triple mission de juge de paix, de responsable de l’éducation primaire et d’organisateur sourcilleux des œuvres de charité.

JACOB, toutefois, ne prend pas suffisamment en considération les conséquences, pour l’Eglise établie, de la crise économique et morale de la fin du siècle marquée principalement par la forte inflation, qui grève son patrimoine, la prolongation de la guerre, le déclin de l’agriculture résultant d’une industrialisation forcenée et la multiplication des conflits sociaux qui dénoncent vigoureusement l’alliance entre le Seigneur et le Pasteur en raison d’une surreprésentation des clercs au sein des cours de justice locales.

Pour l’auteur, ce rejet des structures ecclésiales par les classes les plus pauvres et les plus exploitées, que les différents courants méthodistes très minoritaires peinent à garder sous leur contrôle, intervient seulement à la fin des guerres napoléoniennes. En fait, on en relève des signes indiscutables dans le Nord de l’Angleterre au milieu des années 1790 lorsqu’il devint de plus en plus difficile de rassembler des foules favorables au Roi et à l’Eglise Etablie.