The Kit-Cat-Club. Friends who imagined a nation

Ophelia POWER, Harper Press, 2008, 524 p.

Une Société para-maçonnique influente

par Francis DELON

Cet ouvrage a fait l’objet, dans The Times Literary Supplement du 10 octobre 2008 (p. 10) d’une analyse d’Henry POWER, Assistant d’Anglais à l’Université d’Exeter et auteur d’un ouvrage sur Henry Fielding and the Scribberians.

Même au XVIIIème siècle, l’origine précise du Kit-Cat-Club demeura un mystère.

Ainsi, dans les années 1690, Jacob TONSON, un éditeur talentueux enrichi par la publication des œuvres de MILTON et de DRYDEN, offrait régulièrement des repas à des apprentis écrivains famélique à la Cat and Fiddle Tavern sur Gray’s Inn Lane. Il attira également dans cette taverne des figures de proue du parti Whig, notamment John SOMERS, Charles MONTAGU et Charles SACKVILLE. Ces mécènes littéraires donnèrent ainsi à la compagnie une orientation politique qui ne fut pas sans influence sur la qualité des auteurs qui la rejoignirent ensuite, à l’image de Joseph ADDISON, Richard STEELE, William CONGREVE et (avant son expulsion pour avoir voté avec les Tories au Parlement) Matthew PRIOR.

Christopher CAT, le chef pâtissier, était réputé pour ses pâtés de mouton en croute, connus sous le nom de « Kit-Cats », dont TONSON régalait ses hôtes. Le club emprunta probablement son nom à ces pâtés plutôt qu’à leur créateur ou alors au nom même de la taverne.

Rapidement les Kit-Cats se réunirent une fois par semaine. A partir de 1703, les membres, dont le nombre ne devait jamais dépasser trente neuf coooptés, se retrouvèrent à la Fountain Tavern, sur le Strand, puis dans la maison de campagne louée par TONSON à Barn Elms, près de Putney.

Le Kit-Cat-Club ne fut pas uniquement un cénacle amical pour des personnes de qualité mais s’affirma comme le cercle de réflexion politique et culturel des Whigs, exerçant ainsi une profonde influence sur le développement de l’architecture en Angleterre, le théâtre, l’opéra, la poésie et le journalisme. Il contribua ainsi à l’Acte d’Union et à la succession hanovrienne. Ses membres auraient d’ailleurs conclu un « accord tacite » afin de promouvoir le programme des Whigs : une monarchie limitée par un parlement puissant, l’union de l’Angleterre et de l’Ecosse et une succession dynastique exclusivement protestante.

Il ne subsiste aucun portrait de groupe du Kit-Cat-Club. En revanche, chacun d’entre eux, sur une période de vingt ans, fit l’objet d’un portrait de Sir Godfrey KNELLER. Ces tableaux tranchent par leur représentation volontairement égalitaire des pairs, imprimeurs, soldats et auteurs de pièces de théâtre composant alors la société. Ils furent, plus tard, offerts à TONSON qui les suspendait dans sa demeure de Barn Elms. La majorité d’entre eux sont aujourd’hui conservés à la National Portrait Gallery.

Concernant l’ambiance des réunions, où des santés pouvaient être volontiers portées aux femmes de leur connaissance, il faut s’en remettre au récit de Lady Mary STUART, qui a ainsi recueilli les souvenirs de sa grand-mère Mary PIERPONT (la future Mary WORTLEY MONTAGU) qui, à l’âge de huit ans, avait été honorée d’un toast par les membres de la société à la demande de son père.

Deux douzaines d’hommes autour de la table, crachant le feu, leurs yeux fixés sur elle, leurs doubles mentons resplendissant comme l’argent et l’étain ; la lueur vacillante des bougies, la fumée de leurs longues pipes se conjuguait avec la sueur de leurs corps et l’odeur du pot de chambre dans un angle de la pièce. ……… Elle fut gavée de sucreries, étouffée par les caresses et, ce qui lui plut tout particulièrement, félicitée pour son esprit et encensée pour sa beauté. Le plaisir, disait-elle, était un mot bien trop faible pour traduire des sensations proches de l’extase. Jamais, ajouta t’elle, elle ne passa, au cours de sa longue vie une soirée aussi heureuse !

Discussion:

Dans les loges du XVIIIè siècle, l’ambiance semblait être assez décontractée et conviviale comme on peut le voir dans divers tableaux comme celui de William Stewart Watson représentant la réception de Robert Bruns ou la célèbre peinture représentant Mozart en loge.

Quelques références bibliographiques: L'âge d'or des clubs londoniens par Valérie Capdeville (Honoré Champion, janvier 2008), Les Sociétés badines, bachiques, littéraires et chantantes par Arthur Dinaux, Paris, 1867.