Les Femmes et la Franc-Maçonnerie en Europe

Histoire et Géographie d’une Inégalité,

Jean-Pierre Bacot,

Véga, 2009.

La place de la femme dans la Maçonnerie est maintenant et enfin l’objet d’études sérieuses et universitaires comme en témoigne le récent colloque bordelais intitulé: « Les femmes et la franc-maçonnerie, des Lumières à nos jours. » (17-19 juin 2010) dont les actes sont à paraître.

Jean-Pierre Bacot étudie le fait féminin maçonnique sous 3 angles : les origines de la Maçonnerie féminine ou mixte, les conditions pour l’existence d’une telle Maçonnerie et la situation actuelle.

Les premières attestations d’une présence féminine en Maçonnerie sont essentiellement françaises avec les loges d’adoption composées surtout d’aristocrates et d’artistes à l’image d’une certaine sociabilité française du siècle des Lumières. A la fin du XIXème siècle, l’Espagne et le Portugal joueront un rôle important mais la Maçonnerie de ces pays souffrira terriblement de ces régimes autoritaires au XXème siècle. C’est donc en France que l’œuvre de Maria Deraisme pourra se développer.

La Maçonnerie féminine et mixte prospère principalement dans les pays réunissant les caractéristiques suivantes : ce sont des pays dits « latins », de tradition catholique et francophones. La France et la Belgique concentrent à elles seules la presque totalité de cette maçonnerie sous réserve de la connaissance de ce qui passe en Amérique latine.

Aujourd’hui cette maçonnerie a des difficultés à se répandre dans le monde et on constate presque partout une tendance à un repli obédientiel national.

Il est intéressant également d’étudier les résistances à cette forme de maçonnerie. Les maçonneries « traditionnelles » a priori plutôt fermées à toute innovation se montrent curieusement assez ouverte sur cette question. Par contre, étonnante est l’attitude des maçonneries dites « progressistes ». En France, l’évolution de cette maçonnerie est à l’image de celle de la société qui, depuis la Révolution, a mis un temps certain pour donner à la femme toute sa place. Les républicains radicaux de la IIIème République sont des hommes et la laïcité à la française est masculine comme quoi le « progressisme » n’est pas toujours là où on l’attend. Une étude de ce phénomène et sur ces légendes est à mener.