Les musiciens francs-maçons au temps de Louis XIV, "de Paris à Versailles":

histoire et dictionnaire biographique

Par Pierre-François Pinaud. Collection L'Univers maçonnique. Editions Véga, 2009.

Primé au dernier salon maçonnique du livre, cet ouvrage nous permet d’abord d’insister sur une confusion encore trop courante à propos de la musique et de la Franc-Maçonnerie. S’il est incontestable qu’il existe des musiciens francs-maçons –et les études de Pierre-François Pinaud nous les fait connaître brillamment- la notion de « musique maçonnique », au sens d’une musique consubstantiellement maçonnique comme on le répète jusqu’à la nausée de La Flûte Enchantée de Mozart- est, elle, très discutable. Certes, la musique est présente dès les origines de la Maçonnerie. Certes, il existe des musiques à destination maçonnique. Certes la musique s’accorde bien avec la Maçonnerie (même si on peut se demander si elles est un complément essentiel ou simplement un accessoire dans les loges) en ce qu’elle exprime la mesure, l’équilibre, la transcendance, etc. Mais existe-t-il pour autant une « musique maçonnique » telle que définit ci-dessus ? Il existe de la musique, une musique qui est à destination profane, maçonnique, religieuse ou autre, et c’est quelque fois la même. Entre la musique à destination maçonnique, écrite par des Francs-maçons ou non, et la « musique maçonnique » il y a une ligne de rupture subtile qui sépare la connaissance de l’histoire culturelle d’une institution comme la Franc-maçonnerie du délire symbolico-maniaque bien connu dans ce milieu.

Il y a donc la musique, les musiciens et la franc-maçonnerie. A la fin du XVIIIème siècle, tout cela interfère. C’est l’époque des orchestres, des concerts, des loges, des musiciens dans les loges et même des loges de musiciens, par exemple à Versailles. Pierre-François Pinaud recense ainsi 345 frères musiciens et donne des éléments de biographie.

L’auteur s’intéresse aussi aux instruments utilisés dans les loges maçonniques. On y retrouve, bien sûr, la clarinette, immortalisée dans le Concerto du plus célèbre des compositeurs francs-maçons, mais le violoncelle aussi a la faveur des frères.

Discussion :

Le livre de Pierre-François Pinaud est organisé en 2 grandes parties :

1. L’histoire de la musique sous Louis XVI (1774-1792). On découvre comment se pratiquait la musique à cette époque. En loge si l’on admet presque tous les artistes, à l’exception des comédiens, il y a cependant une sorte de hiérarchie des arts et la musique est très appréciée, ce qui explique qu’il y a beaucoup Francs-Maçons musiciens.

2. Répertoire et dictionnaire de 342 Francs-maçons musiciens. Cette liste de musiciens, en forme de prosopographie, dévoile des dynasties de musiciens et des musiciens célèbres et atypiques comme le chevalier Saint-Georges, un métisse –en maçonnerie- surnommé le Mozart noir ou Crescentini, un castrat. Pierre-François Pinaud rappelle aussi quelques anecdotes savoureuses comme celle qui arriva au baron de Bage, violoniste du Roi de Prusse. Sa Majesté l’ayant entendu joué de médiocre façon lui dit : « Je n’ai jamais entendu personne jouer du violon comme vous ! ».