Forces Occultes

Jean-Louis Coy,

éditions Véga - 2008.

Il s’agit de la re-édition en DVD de ce film culte des années d’occupation accompagné d’un livre en guise de compendium.

Je le signale à l’attention des profanes qui nous liront, ce film tient lieu, en termes de sociabilité maçonnique, des Tontons flingueurs. Il est courant, à l’occasion de repas bien arrosés, de voir des frères en réciter des tirades entières pour amuser l’assistance et faire preuve de sa « culture ». (…)

Il faut dire que ce film est plus que bête : il est méchant. Réalisé par la fine fleur des anti-maçons de l’époque à la demande du maréchal Pétain, il s’agit d’une œuvre de propagande pour les thèses nauséabondes de l’époque : le fameux complot judéo maçonnique.

Le livre est de ce point de vue bienvenu : replacer le tournage dans son contexte, présenter les acteurs, au sens large, et retracer la carrière de ce film dans la France occupée. Enfin, notons une intéressante analyse des procédés de propagande (comprenez de manipulation) utilisés par les auteurs, le tout correctement mené si c’est peut être sur un ton un peu convenu.

Car si le temps a passé, et les lubies tragiques de l’époque aussi, la bêtise du projet qu’incarnait ce film, débarrassée des sombres menaces d’alors, n’en apparaît que plus éblouissante. (…)

Discussion :

Jean-Luc Coy est un spécialiste du cinéma.

Ce film a été l’œuvre de Paul Riche (en réalité Jean Mamy, exécuté en 1949) et Jean Marquès-Rivière (décédé en exil en Espagne, condamné entres autres raisons pour dénonciations) tous deux anciens maçons si bien que le rituel montré est assez représentatif de ce qui se pratiquait avant-guerre même si on insiste évidemment sur l’aspect combinard supposé de la IIIè République.

Le succès du film fut plus que mitigé en 1943 surtout si on le compare à celui de l’exposition de 1941 qui avait même fini –ce que les promoteurs n’avaient pas escompté- par donner une image plutôt favorable à la franc-maçonnerie dans l’esprit du public.

Si Jean Marquès-Rivière, à la recherche d’une maçonnerie idéale, fut dégoûté par l’ordre qu’il avait connu, l’accusant de trahison par rapport à sa mission, Allec Mellor fera le chemin inverse. Il passera de l’antimaçonnisme à la Maçonnerie.