Maçonnerie Ecossaise : en amont du Contrat Social

La vie, les personnages et les rituels de la loge à l’origine de l’essor de l’Ecossisme en France

par Jean-Louis Craponne.

Préface de Georges Lamoine

éditions de La Hutte, 292 pages, 2011.

Les Editions de La Hutte, nous présentent une nouvelle fois un ouvrage intéressant pour tout cherchant en histoire de la Franc-Maçonnerie. Si nous savons peu de choses sur son auteur Jean-Louis Craponne, on ne présente plus Georges Lamoine qui signe la préface

http://www.editionsdelahutte.com/RESSOURCES/PREFACE-CONTRATSOCIAL.pdf

Jean-Louis Craponne qui avoue ne pas être un historien, s’est pourtant penché sur les archives Ceccano d’Avignon, pour y puiser les sources constitutives de La Mère Loge Ecossaise Saint Jean d’Ecosse du Contrat Social. Ancien journaliste professionnel et cadre dans la presse quotidienne régionale, il nous montre dans ce livre, son goût de l’investigation. Franc-maçon depuis 1984 et très attaché au Rite Ecossais Ancien et Accepté, c’est tout naturellement, en somme, qu’il a satisfait son plaisir de la recherche en l’exploitant au profit de la maçonnerie écossaise Cet ouvrage se place en complément de celui de Pierre Chevallier : "Histoire de Saint Jean d’Ecosse du Contrat Social, Mère Loge Ecossaise de France", et certes, si ses recherches ont pour objectif d’éclairer l’histoire du Rite Ecossais Ancien et Accepté, la période des textes étudiés, correspond bien et il nous le dit, à une racine commune à tous les rites, savoir le Régime Ecossais Rectifié, le Rite Ecossais Philosophique et le Rite Français.

La 1ère Partie : L’histoire, nous montrera l’anecdotique "année de la tribulation", que l’auteur nous expliquera au travers des condamnations prononcées par l’Eglise, et qui aboutira à la création de la non moins célèbre Loge Saint Jean d’Ecosse de la Vertu Persécutée. C’est dans cette première partie que Jean-louis Craponne tente de démontrer que nous sommes en face de l’étude de "la première Loge de tout le midi", fondée par le Marquis de Calvière-Vénézobres et ce en 1737, qui plus est… en terres Papales ! Outre la gestation avignonnaise qui aboutira à la naissance de la Loge parisienne, l’auteur détaille le contexte du siècle et le creuset spirituel qu’Avignon représente. On y croisera Esprit Calvet, l’un des Maîtres de Claude-François Achard et Dom Pernety, mais aussi au gré de quatre décennies de turbulences, des personnages qui ont marqué l’histoire de l’Ecossisme avignonnais et du Contrat Social.

Puis la 2ème partie traite de l’Esprit de la Structure Vauclusienne, symbolisé par sa devise "si fondieris, invenies" (si tu creuses, tu trouveras), et ce au travers du travail en Loge bleue, des 6 principes de l’Ordre, et de l’étude de trois sources : les rituels des trois premiers degrés, le règlement de la Loge et les discours de l’Orateur. Encore une fois, le cherchant, l’amoureux de l’histoire de la maçonnerie au travers de ses textes constitutifs, sera accroché par des éléments tels que : le sacrifice du sang simulé lors de la réception, cette coupe d’amertume faite "d’eau chaude salée avec de l’amertume" …au choix avec un coup de poignard, ou encore ce marquage au fer rouge remplacé lui avec compassion, par une petite coulée de cire de bougie… Les discours de l’orateur sont ceux de Nolivos de Saint Cyr (environ 1787-1788), qui développera entre autre ces 6 principes que nous venons d’évoquer et qui sont: Liberté, Egalité, Croyance en un Dieu, Sociabilité, Bienfaisance et Unité. Puis Craponne de conclure cette partie par une étude liant symbolisme et religion, au travers de fêtes religieuses pratiquées par les Frères Avignonnais.

La 3ème partie elle, nous fait entrer dans le concret de la vie de la Loge, avec la retranscription du MS 927, c'est-à-dire du Rituel des 3 premiers grades de la Loge "La Douce Egalité" à l’Orient d’Avignon, précédés des "Règlements pour les Francs-Maçons", non datés, et suivi des "Règlements de la très respectable Grande Loge de France, dressés pour toutes les loges régulières du royaume sous les auspices du très sérénissime frère Louis de Bourbon, comte de Clermont, Grand maître de l’ordre en France" datés de 1747. Nous pardonnerons aisément à l’auteur les deux petites erreurs concernant le Régime Ecossais Rectifié que nous avons pu noter, c'est-à-dire la manière de frapper d’un candidat à un grade, qui ne peut pas frapper de la batterie du grade auquel il aspire, puisqu’elle ne lui est pas encore enseignée, il frappe donc en profane pour être reçu apprenti, ou en apprenti pour être reçu compagnon, etc…

Dans la réception et les catéchismes d’apprentis, auxquels nous, disciples de René Désaguliers sommes sensibles, nous avons été au hasard, intéressés par ce pied en pantoufle, ces trois fenêtres, la situation de la Loge : sur la plus haute montagne, dans la vallée la plus basse, où jamais coq n’a chanté, femme jasé, lion rugi, chien aboyé, enfin où tout est tranquille comme dans la vallée de Josaphat. Mais aussi par les 3 bijoux, les 7 meubles, les 3 ornements, l’explication Mosaïque des 3 coups frappés et enfin par le nom de l’apprenti : Orus

La réception de Compagnon (notons au passage que l’on est reçu aux trois grades, et non pas reçu, passé et élevé comme cela peut être le cas avec justesse, et encore moins initié !), montre elle des éléments qui interpellent à nouveau très fortement, comme : ces deux pieds en pantoufle, avec toujours un sein découvert, des apparitions comme celles de : la chaux vive, la bêche et la brique; la langue clé de la Loge; ou le signe de détresse donné dès le second grade, montrant peut être un deuxième et un troisième grade encore en mutation ?

Pour la réception de Maître, datée elle, de 1774, c’est un apprentif-compagnon qui est annoncé comme voulant être reçu Maître. On notera que tous les Frères sont vêtus de noir avec un chapeau rabattu sur la tête, un frère qui rentre à reculons, et à qui on arrache son tablier, une batterie par oo o o oo o, une définition de la lettre G par God et 9 bougies, 3 flambeaux, 7 voyages, que le malicieux copiste avait transformé en 19, 13 et 17… pour tromper le curieux !

Puis une description du rituel des banquets (1774) nous est présentée.

Enfin Jean-Louis Craponne nous présente avant de conclure et encore de manière fort intéressante, un rituel de Hauts Grades : celui de "Parfait Elu de la Voûte sacrée de Jacques VI ou Vrai Grand Ecossais" dont on notera une certaine ressemblance avec le Manuscrit Franken.

Pour vous procurer cet ouvrage :

http://www.editionsdelahutte.com/FM.html#contratsocial