Abrégé d'Histoire du R.E.A.A.

par Jean Bernard Lévy, Editions de la Hutte. 2012. 237 pages.

L’ouvrage que nous proposent les Editions de la Hutte, si l’on en croit son titre se veut une histoire "rapide" mais complète du R.E.A.A. On pourrait donc imaginer que ce petit livre ne traite que de l’histoire de ce rite. Il n’en est rien et il suffit de se reporter à la table des matières pour en être convaincu. Le livre comporte six chapitres intitulés de la façon suivante :

  • Des Anciens Devoirs aux Constitutions d’Anderson et aux constitutions de 1815 de la Grande Loge Unie d’Angleterre.
  • Franc-maçonnerie et siècle des Lumières.
  • Genèse des hauts grades du R.E.A.A. de 1730 à 1760.
  • Le R.E.A.A. est il " Modern " ou " Antient " ?
  • R.E.A.A. et religion : un problème non résolu par le Convent de Lausanne de 1875.
  • Charles Riandey, l’Ecossisme et les loges La République.

L’énoncé seul de ces chapitres nous présente un ouvrage traitant de multiples sujets de façon sommaire et plutôt rapide... Cependant, l’auteur a fait appel à des références sérieuses et indiscutables de l’historiographie maçonnique. Avec lui, pas de délire interprétatif mais, et c’est ce qu’il souhaite, une étude de type universitaire consacrée aux origines de la Franc Maçonnerie spéculative car c’est un sujet qu’il aborde longuement au début de son livre.

Il ne nous apprend rien de nouveau et il est préférable de se plonger dans les études de Stevenson, Dachez, Bernheim, Beresiner pour parler des auteurs vivants sans oublier ceux qui bien avant se sont penchés sur cet épineux problème des origines. Si Lévy ne commet pas d’erreurs fondamentales, il nous a paru curieux de trouver une référence " aux survivances opératives " et au système de Stretton ! Nous pensions naïvement que notre F. Bernard Dat avait réglé cette question de manière définitive autrefois dans un numéro de Renaissance Traditionnelle...

Le chapitre consacré en toute simplicité au siècle des Lumières, là encore, s’il ne contient pas d’erreurs, l’auteur se contentant d’énoncer toute une série de lieux communs, ne nous apporte rien de bien nouveau et la lecture de Paul Hazard et de Pierre Yves Beaurepaire nous sera certainement plus profitable...

En fait, notre F. aurait pu réduire son livre au chapitre Trois, consacré, lui, aux origines des hauts grades du R.E.A.A. Il s’ y livre à une défense et illustration de l’origine anglaise de plusieurs grades tels ceux de Chevalier d’Orient ou d’ Ecossais des trois JJJ, démonstration qui n’a rien de ridicule et que l’on peut trouver plausible.

Notre F. pense que le thème de l’Arc Royal anglais est à l’origine de grades qui deviendront plus tard des grades du R.E.A.A. , le thème de la voûte souterraine étant un grand classique du légendaire maçonnique.

De plus, il s’appuie sur la traduction de la Bible dite de Tyndale et nous livre d’intéressantes réflexions sur les 15ème et 16ème grades du R.E.A.A., constituées par des remarques sur les livres d’Esdras et de Néhémie.

Ne pouvant que nous livrer à un survol de ce livre, il nous semble plus ingénieux de résumer l’impression générale qui se dégage de cet ensemble. Certes, il est préférable de lire Jean Bernard Lévy que Dan Brown, du moins dans le cadre de la recherche historique mais nous ne pouvons nous empêcher de penser que ce type d’ouvrage est bâtard. Il est trop spécialisé pour le grand public, même cultivé, maçon ou non et il est trop ‘’ généraliste ‘’ et même ‘’ fourre tout ‘’ pour les chercheurs qui se veulent ou se rêvent comme membres de l’école authentique...

En bref, si l’on veut connaître l’histoire du R.E.A.A. il faut se tourner vers Alain Bernheim même si son dernier livre est aride. A vouloir poursuivre plusieurs lièvres, on est assuré de ne pas les attraper.

Enfin et ce sera notre flèche du Parthes, notre F. au cours de son ouvrage, ne peut pas s’empêcher de se livrer à des réflexions personnelles, banales et consternantes, qui nous donnent la désagréable impression de lire un recueil de planches mises bout à bout... On se demande, et j’en termine , ce que vient faire le chapitre consacré au F. Riandey...ceux qui sont curieux des événements de 1965 se reporteront avec profit aux souvenirs du T.ILL. F. Raoul Mattéi...