Être Franc-Maçon Rectifié dans l’entre-deux guerres :

Le « Centre des Amis » n°1 (1917-1940)

par Francis DELON

Lorsqu’il jeta les bases, le 5 novembre 1913, de la Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière pour la France et les Colonies Françaises, Édouard de RIBAUCOURT, personnalité charismatique, espérait être rejoint par une soixantaine d’Ateliers du Grand Orient de France ; n’avait il pas obtenu l’adhésion d’un militant aussi laïque que le Docteur GENDRON, orateur de la prestigieuse Loge bordelaise « Anglaise 204 », ainsi que l’atteste cet extrait du procès-verbal de la Tenue du 17 décembre 1913.

« A son contact, notre F. Orateur est devenu traditionnaliste de moderniste endurci qu’il était, et ce n’est certes pas là un mince résultat1 ».

Une série d’évènements, indépendants de sa volonté, allaient toutefois donner à la nouvelle Grande Loge une orientation bien différente de celle de ses desseins initiaux.

Anticipant d’éventuels ralliements, le Conseil de l’Ordre du Grand Orient de France avait, dès le printemps 1913, permis la pratique conjointe du Rite Français et du Rite Ecossais Rectifié aux Ateliers qui en exprimaient le souhait. Ainsi, le 16 avril 1913, il avait autorisé la Loge bordelaise « La Concorde », qui en avait fait officiellement la demande le 15 mars à l’instigation de son inamovible Vénérable Maître Edouard EISSEN, par ailleurs membre du « Centre des Amis » et Conseiller de l’Ordre (1909-1913) à adopter « une cumulation de rites qui lui permit de travailler au Rite Ecossais Rectifié ». Celle-ci devint effective lors de la Tenue solennelle du 15 juillet en la présence de l’ennemi intime de RIBAUCOURT, l’intransigeant Georges BOULEY, ancien Président du Conseil de l’Ordre (1911) et Grand Commandeur du Grand Collège des Rites (1911-1915)2.

Ce mouvement devait s’amplifier avec la désignation de Camille SAVOIRE, le 15 septembre 1923, comme Grand Commandeur du Grand Collège des Rites. Jusqu’à sa démission forcée et la création du Grand Prieuré des Gaules qui en résulta en 1935, celui-ci consacra ou réveilla des ateliers rectifiés à Bordeaux, Marseille, Montpellier, Le Touquet et Rouen3. En 1939, quatre cents membres de l’obédience de la rue Cadet travaillaient ainsi au Rite Ecossais Rectifié4.

En outre, le Conseil de l’Ordre du Grand Orient de France, par une circulaire du 4 février 1914, dénonça l’irrégularité de la Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière sous le prétexte fallacieux du maintien par « Le Centre des Amis »de ses relations avec une Puissance maçonnique étrangère, le Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie. RIBAUCOURT se vit même reprocher sa conception du Grand Architecte de l’Univers, assimilée à un « symbole philosophique »et donc très éloignée du « Dieu créateur, Dieu notre père céleste »revendiqué par la Grande Loge Unie d’Angleterre5.

Le déclenchement de la Première Guerre Mondiale, en août 1914, et la mobilisation des maçons français donnèrent toutefois à la nouvelle Grande Loge une orientation nettement anglo-saxonne consécutive à la formation par les frères de la communauté britannique de Paris d’Ateliers anglophones (« St George’s » n°3en 1914, « Britannic n°9 » en 1918) et à la création de loges militaires en Normandie (« Havre de Grâce » n°4 et « Jeanne d’Arc » n°5en 1916), dans les Flandres (« Donoughmore » n°6 en 1917) et à Bordeaux (« Liberation » n°8)6.

En proie au découragement après sa vaine tentative, à l’automne 1917, de regrouper au sein de la Loge « France 1917 » n°7 des Frères éminents de Memphis-Misraïm et du Martinisme, Édouard de RIBAUCOURT préféra démissionner de sa charge de Grand Maître le 18 décembre 1918 et s’abstint désormais de toute activité maçonnique pendant plus d’une quinzaine d’années7.

Si les historiens de la Franc-Maçonnerie ont longuement évoqué les origines du « Centre des Amis », son adoption en 1808 du Rite Écossais Rectifié, son réveil en 1910-1911 puis son rôle déterminant dans la naissance de la Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière en 1913, ils ont ensuite, en revanche, essentiellement mis l’accent sur le parcours de ses membres les plus éminents, notamment les Grands Maîtres Charles BARROIS et Gabriel-Louis JOLLOIS.

Ainsi, Hervé GÉROLAMI de ROCCA SERRA, dans sa minutieuseHistoire de la Respectable Loge Le Centre des Amis à l’Orient de Paris, publiée par les Éditions du Simorgh en 2011, résume en une seule phrase, page 206, la période concernée : « Pendant toute la période qui s’étend de 1913 à septembre 1939, certains frères du Centre des Amis vont exercer des fonctions parfois importantes dans l’Obédience ».

Pourtant, de nombreux documents, rarement utilisés, ont été conservés : convocations, correspondance, demandes d’admission, notifications de profanes présentés à l’initiation et de frères à l’affiliation, avis d’initiation et d’affiliation, états des membres, bilan financier …. Complétés par les registres des procès-verbaux du Souverain Grand Comité (1917-1940) et du Grand Collège Provincial de Neustrie (1928-1937), rapatriés de Moscou en 2004, ils permettent désormais de retracer les efforts bien souvent pathétiques du « Centre des Amis » pour préserver la tradition rectifiée dans un environnement maçonnique dominé majoritairement par les influences anglo-saxonnes.

La renaissance fragile du Phénix sous la Grande Maîtrise de Charles BARROIS (1919-1929).

Le prolongement de la guerre devait avoir de graves incidences sur le développement du « Centre des Amis ».

Ainsi, dans une correspondance adressée le 16 avril 1918 au Grand Secrétaire Provincial de Neustrie Douglas WARNE, le Vénérable Maître Henri WYSS soulignait qu’il n’avait pu réunir l’Atelier pour examiner la situation des membres qui n’avaient pas réglé leur cotisation8.

Au 31 mai 1918, la Loge comptait seulement 17 frères (de RIBAUCOURT Édouard et Léon, BARROIS, MACAIGNE, JOLLOIS, COULIN ……). 5 frères mobilisés n’avaient pu confirmer leur appartenance tandis que 7 autres membres n’avaient pas donné de leurs nouvelles9.

Cette situation précaire n’empêcha nullement le VF WYSS à soumettre au Grand Maître Provincial de Neustrie Charles BARROIS un projet de règlement intérieur dans lequel il préconisait l’abandon par les Maîtres des rosettes tricolores pour éviter toute confusion avec leurs homologues des Ateliers anglophones.

« L’article 20 prévoit que les tabliers de Maître portent 3 rosettes bleues avec cocardes tricolores au centre, ceci n’est pas d’accord avec le Code des Loges rectifiées. Les FF. de la L. ont jugé que le tablier de Maître, tel qu’il est décrit au chapitre ‘Distinctions extérieures » page 17 de l’extrait du Code, pourrait donner lieu à confusion et que les FF. de cette catégorie passeraient pour être simplement des Compagnons s’ils ne portaient pas de rosaces sur leur tablier10 ».

Après l’armistice et la dispersion des fondateurs, la reprise des travaux s’avéra des plus aléatoires. Ainsi, au début de l’année 1924, J.M. DRABBLE, son Trésorier, faisait observer au Secrétaire, F.H. MILLER, que l’Atelier n’avait pas organisé la moindre tenue entre le second trimestre 1920 et le second trimestre 192211, suscitant d’ailleurs « certaines réflexions de la part de FF. Anglais membres d’honneur de la Loge « Le Centre des Amis », notamment le Révérend Henry Thomas CART DE LAFONTAINE12 (1857-1937), Officier consacrant et ancien Chapelain de « St. George’s Lodge » n°3 (1914-1917). Passé Grand Surveillant Provincial de Neustrie (1914) puis Passé Grand Premier Surveillant de la G.L.N.I.R. (1922), celui-ci fut ensuite élu, en 1925, membre de la « Quatuor Coronati Lodge » N°2076 dont il occupa la chaire en 1929-193013.

Profondément attaché à la renaissance du Rite Écossais Rectifié, le Grand Maître Charles BARROIS prit alors durant deux années le maillet du « Centre des Amis » avec l’aide de deux Grands Officiers Provinciaux de Neustrie, le Grand Trésorier Provincial MATHET et le Grand Archiviste Provincial DRABBLE aux plateaux de Secrétaire et de Trésorier14.

Le 29 mai 1922, il fit définitivement adopter le règlement intérieur ainsi libellé :

« Règlements de la J. et P.L. de Saint-Jean Le Centre des Amis N°1 (Orient de Paris) – Ancienne Loge Guillaume Tell, constituée à l’Orient des Gardes Suisses, sous l’obédience du Grand Orient de France, par charte n°3429, délivrée le 15ejour du 4emois, an de la V.L. 5789, convertie en celle du Centre des Amis, le 2ejour du 12emois, an de la V.L. 5792. Reconstituée le 6 Décembre 1913, sous l’obédience de la Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière pour la France et les Colonies Françaises. Pratiquant le Rite Écossais Rectifié reconnu le 6ejour du 10emois de la V.L. 5832, comme le plus ancien Rite pratiqué en France ».

L’Article Premier rappelait effectivement que « La Loge de Saint-Jean, le Centre des Amis, pratique le Rite Écossais Rectifié » et« reconnait la Grande Loge Nationale comme autorité suprême et son Très Respectable Grand Maître comme Chef de l’Obédience ».

L’Article 18, pour sa part, fixait les trois fêtes réglementaires de l’Atelier :

« 1° La Saint-Jean-Baptiste, en juin ;

2° Le renouvellement de l’Ordre, le 6 novembre ;

3° La Saint-Jean l’Evangéliste, en décembre »15.

Son œuvre de redressement fut poursuivie par André AUBÉPIN, affilié le 29 mai 192216, et par le Député Grand Maître Gabriel-Louis JOLLOIS, Vénérables Maîtres successivement en 1923-1924 et 1924-192517. Au début de l’année 1926, la Loge regroupait déjà 43 Frères inscrits à la matricule18. Les effectifs allaient se stabiliser ensuite autour d’une quarantaine de membres (41 Frères en mars 193019).

En 1928, la Chaire échut au premier Apprenti de l’après-guerre, André CHACHIGNON, initié en 192320. Installé le 25 juin 192821, il devait être reconduit dans sa charge le 12 juin 1929 par le RF W.F. RAY, Député Grand Directeur des Cérémonies et Ex Maître de l’Atelier (1925-1928)22.

Soupçonné toutefois par le Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie, devant la multiplication des Ateliers de « Rite Emulation » de négliger le Rite Écossais Rectifié23, le Grand Maître BARROIS proposa, lors de l’Assemblée Obligatoire de la GLNIR du 24 novembre 1923, d’ajouter à la section 4 de l’Article 1erdes Constitutions, ainsi libellée« La Grande Loge Pratique les Rites Ecossais Rectifié et Emulation », la mention suivante « avec son complément St André pour le rite écossais rectifié et Royal Arch pour le rite anglais ».

Cette proposition fut approuvée à l’unanimité par les vingt neuf délégués présents lors de l’Assemblée Extraordinaire de la Grande Loge du 10 janvier 192424.

Saisissant cette opportunité, une dizaine de frères, dont plusieurs officiers du « Centre des Amis » (André AUBÉPIN, Vénérable Maître ; W.F. RAY, 2èmeSurveillant, F.J. DILNOT, Orateur et James A. LAUCHLAN, Elémosynaire), adressèrent aussitôt au Grand Maître Provincial de Neustrie Walter Herbert HEWSON, un proche de Charles BARROIS, une pétition ainsi libellée.

« Les FF soussignés, désireux de faire de nouveaux progrès dans la Mac. vous prient de leur accorder l’autorisation de constituer une L. de M. Ecos. De Saint- André formant le 4edegré du Rite Ecossais Rectifié, et de leur permettre d’exercer leurs Travaux dans le Temple habituel, 42 rue de Rochechouart à Paris25 ».

Cette demande de Constitution fut immédiatement acceptée par le Souverain Grand Comité lors de sa réunion mensuelle du 12 juin 192426.

Deux années furent toutefois nécessaires pour que cet Atelier du 4eGrade du Rite Ecossais Rectifié puisse être officiellement constitué ainsi que l’atteste cet extrait de la réunion du Souverain Grand Comité du 5 mai 1926.

« Loge de St André – est en bonne voie de formation. Le TRGM Barrois prépare la charte. Le loyer du Temple sera à fixer. Les Règlements intérieurs sont approuvés »27.

Devenu Député Maître de la Loge verte, Charles Barrois y prononça deux conférences, le 30 novembre 1928 à l’occasion de la Fête de l’Ordre et le 10 janvier 1929 à l’occasion de la réception dans ce grade du BAF Pierre BENOIT du REY28.

Ces résultats encourageants avaient toutefois été sérieusement remis en cause par le retrait de reconnaissance du Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie.

En effet, après l’accession de Camille SAVOIRE à la charge de Grand Commandeur du Grand Collège des Rites, le Grand Prieur d’Helvétie, Ernest ROCHAT, et son Grand Chancelier, NICOLE, avaient exprimé leur profond désaccord devant l’absence de relations fraternelles entre les deux Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte français (BARROIS et SAVOIRE) et leurs organisations maçonniques respectives.

Lors de la réunion de conciliation organisée le 10 avril 1924 au domicile parisien de SAVOIRE, Charles BARROIS justifia, à juste titre, son refus en raison de la rupture des relations entre la Grande Loge Unie d’Angleterre et le Grand Orient de France intervenue en 1877.

Aussitôt, le Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie déclara la G.L.N.I.R. « irrégulière »en tant que puissance rectifiée29.

Une Loge en proie à l’isolement et aux humiliations.

A partir du milieu des années 1930, « Le Centre des Amis » va être systématiquement et de plus en plus arbitrairement désavoué dans sa défense, devenue pathétique, de la tradition rectifiée au sein d’une Obédience désormais acquise aux conceptions maçonniques anglo-saxonnes et devenue hostile voire hermétique au message spiritualiste du Rite Écossais Rectifié.

La Loge de Maîtres Écossais de Saint André « Rénovation » s’avéra ainsi incapable de surmonter la disparition prématurée, le 3 février 1929, de son Député Maître Charles BARROIS.

Lors de sa réunion du 7 octobre 1936, le Grand Collège Provincial de Neustrie, observant que la Loge « Rénovation » n° 1 ne s’était plus réunie depuis 1931, décida d’en informer officiellement le Souverain Grand Comité.

« Ce Chapitre n’ayant pas tenu une réunion depuis environ cinq ans durant lesquels aucuns droits de capitations ont été versés, le Grand Collège Provincial décide de mettre le Souverain Grand Comité au courant de cette situation en demandant si le Grand Collège Provincial doit continuer d’administrer ce Chapitre »30.

La réponse du Souverain Grand Comité, prenant acte de la mise en sommeil effective de l’Atelier de MESA, fut communiquée, en ces termes, par le Grand Secrétaire Provincial de Neustrie, Horace J. SHAW, lors de la réunion du Grand Collège Provincial du 27 octobre suivant.

« Le Grand Secrétaire Provincial avise le Grand Collège Provincial que le Souverain Grand Comité a décidé d’omettre le nom de ce Chapitre à l’annuaire de la Grande Loge pour l’année prochaine »31.

Ressortissant britannique, né à Londres en 1898, l’ingénieur conseil en organisation Maximilien Kohn STAUB avait été initié le 28 mars 1929 puis élevé à la maîtrise le 15 novembre 1930 par la « St. George’s Lodge » n°3. Suite à sa demande du 5 mai 193132, il fut affilié le 24 juin 193133 au « Centre des Amis » où il occupa successivement les fonctions de Secrétaire (1932-1933), Deuxième Surveillant (1933-1934) et Premier Surveillant (1934-1935)34.

Lors de la Tenue du 3 avril 1935, il fut élu, au scrutin secret, Vénérable Maître par 13 voix contre une voix au Vénérable en fonction Pierre MASSIOU et un bulletin blanc35. Toutefois, en raison de la confession israélite du Maître Élu, le Souverain Grand Comité, lors de sa réunion du 11 avril 1935 présidée par le Grand Maître JOLLOIS, s’interrogea pour savoir « si le F. Staub, étant un juif, pouvait remplir les fonctions de Vénérable de la Loge n°1 » avant de donner son approbation36. Max K. STAUB fut finalement installé le 22 juin 1935 par le RF W.F. RAY, Député Grand Maître Provincial de Neustrie, en présence d’une délégation de « St. George’s Lodge » n°3 et de « L’Amitié Normande » n°3137.

Après la consécration, le 23 mars 1935, du Grand Prieuré des Gaules en présence d’une délégation du Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie38, le Grand Prieur Camille SAVOIRE et le Grand Chancelier Aimé MACHON entrèrent, dès juin 1935, en pourparlers avec le Grand Maître Provincial de Neustrie HEWSON en vue d’étudier les modalités d’accueil des membres de leur juridiction au sein de la G.L.N.I.R.39Néanmoins, ils préférèrent d’abord les regrouper au sein d’une nouvelle structure, la Grande Loge Écossaise Rectifiée, constituée le 24 octobre 1935 pour administrer les degrés symboliques du rite40.

Le 7 octobre 1935, le Grand Maître JOLLOIS avait informé le Souverain Grand Comité de sa volonté de se retirer au profit de son Député Grand Maître Marcel VIVREL. Cependant, ses craintes de voir le Grand Prieuré de SAVOIRE étendre son influence sur les Maçons rectifiés de la G.L.N.I.R. le conduisirent, au cours de la même séance, à convaincre le Souverain Grand Comité de proposer, lors la prochaine Tenue de Grande Loge, la suppression de l’Article 62 du Règlement Général limitant la régularisation des Frères appartenant à des Obédiences irrégulières à une Obligation solennelle et à une prestation de serment sur le « Livre de la Sainte Loi », et à les considérer dorénavant comme des profanes41.

Cette décision, suivie de l’annonce de sa nouvelle candidature, provoqua l’indignation du « Centre des Amis » qui, à l’unanimité, lors de son comité du 21 octobre 1935, décida « de s’opposer d’une façon absolue à la suppression de l’Article 62 du Règlement Général » et ordonna à ses délégués à la prochaine Tenue de Grande Loge « de présenter et de soutenir la candidature du T.V.F. Benoit du Rey comme Grand maître de la Grande Loge Nationale et Indépendante pour la France et les Colonies Françaises »42.

Réélu à l’unanimité lors de la Tenue Solennelle, Obligatoire et Plénière de la Grande Loge du 26 octobre 1933, le Grand Maître JOLLOIS dut accepter, en revanche, le renvoi de la suppression de l’Article 62 devant le Souverain Grand Comité43. Une Commission, présidée par le Grand Maître Provincial HEWSON, fut alors désignée, le 8 janvier 1936, pour procéder à une révision de la Constitution. Sur sa recommandation, le Souverain Grand Comité approuva, le 12 mars 1936, l’introduction dans l’Article 62 d’une clause restrictive imposant désormais l’accord du Souverain Grand Comité à tout candidat provenant d’une Obédience irrégulière44. L’ensemble de ces modifications règlementaires furent approuvées lors de la Tenue Extraordinaire de la Grande Loge du 15 mai 193645.

En application de ces nouvelles dispositions, le Vénérable Maître du « Centre des Amis », Pierre MASSIOU, adressa, en février 1937, au Collège Provincial de Neustrie le dossier de régularisation de Camille SAVOIRE. Après concertation avec le Vénérable Maître et l’Ex Maître Roger SOUCHÈRE46, le Grand Maître Provincial HEWSON transmit cette demande au Souverain Grand Comité qui, en raison de l’opposition du Grand Maître JOLLOIS, décida, dans sa séance du 7 avril 1937 présidée par le Député Grand Maître VIVREL, de rejeter cette requête, mettant ainsi un terme à cette tentative d’unification du Rite Écossais Rectifié au sein d’un ensemble cohérent réunissant, d’une part, les Loges bleues rassemblées dans une seule Obédience, et, d’autre part, les degrés chevaleresques gérés par le Grand Prieuré des Gaules.

« Demande d’Affiliation du Docteur Camille Savoire.

Le Grand Collège Provincial transmet une demande d’Affiliation à la Loge ‘ Le Centre des Amis n°1’ du Docteur Camille Savoire, accompagnée d’un dossier contenant les pièces justificatives. Ce candidat a été initié en 1892 dans une Grande Loge irrégulière et en a fait partie jusqu’en 1935. A ce moment il s’en est séparé pour fonder une Grande dite ‘ Écossaise Rectifiée’ qui n’est reconnue par aucune Grande Loge Régulière.

Un rapport détaillé et très documenté sur l’activité et le passé maçonnique de ce candidat a été établi et le TRF Vivrel, après avoir pris connaissance des ouvrages maçonniques écrits par le Dr Savoire, a consulté le Grand Maître Jollois. Lecture est donnée de la réponse du Grand Maître qui signale les dangers que présenterait l’admission du Dr Savoire.

En présence des renseignements recueillis et de l’avis du Grand Maître, le Comité estime à l’unanimité que la candidature du Dr. Savoire ne peut pas être acceptée pour des raisons d’ordre purement maçonnique. La Loge n°1 sera informée de cette décision par l’intermédiaire de la Province »47.

Le 11 février 1937, le Grand Collège Provincial de Neustrie transmit, avec la mention « sans commentaires », une lettre en date du 6 février du VF Max STAUB, Ex Maître et Secrétaire par intérim du « Centre des Amis », s’interrogeant sur l’authenticité du rituel en usage dans son Atelier48. Mentionnant ainsi que celui-ci ne permettait pas l’organisation « de Fête, de Banquet, ou une Loge Funèbre, toutes cérémonies prévues à l’Article 21 du règlement intérieur », il attirait plus particulièrement l’attention sur le fait que « l’exemplaire manuscrit du rituel du Grade d’Apprenti entre les mains du V.M. porte sur sa couverture ‘Rituel du Grade d’Apprenti pour le Régime de la F.M. Rectifiée rédigé en Convent Général de l’Ordre tenu à Wilhemsbad en 1782’ » mais « n’est ‘certifié conforme’ par aucun des Grands Maîtres qui se sont succédés à la Grande Loge ». En outre, contrairement au « rituel de l’Union des Cœurs de Genève (1910-1913) », il comportait « certaines formules dont les termes, particulièrement dans l’Obligation que doit prêter le Candidat, peuvent présenter pour certains un caractère dogmatique »49.

Aussitôt saisi, le Souverain Grand Comité désigna, en son sein, une Commission composée du Grand Maître Provincial HEWSON, du Grand Secrétaire William James COOMBES, du Député Grand Secrétaire Pierre GALICHET et d’un Ancien Grand Porte Étendard, Pierre CHÉRET, Ex Maître de l’Atelier (1933-1934).

Réunie le 16 mars, cette instance de concertation, concernant ces« cérémonies pratiquées autrefois et d’ailleurs fort rarement dans quelques Juridictions Maçonniques », rappela fort à propos que « la Grande Loge Nationale ne les a jamais adoptées depuis sa fondation et elle estime inopportun de modifier ses usages. La Loge n°1 pourrait en supprimer la mention dans son règlement ».

Elle tint également à réaffirmer que « L’authenticité des Rituels utilisés par la Loge N°1 est garantie par le G.M. Barrois qui a pris soin d’établir les exemplaires possédés par cette Loge et en a écrit certains passages de sa propre main ».

S’appuyant enfin sur les usages en vigueur dans la Maçonnerie régulière, elle réfuta toute initiative du « Centre des Amis » visant à modifier les rituels existants.

« Il est exact qu’on trouve dans les archives maçonniques des Rituels Ecossais Rectifiés présentant des variantes avec celui de la G.L. Le même cas se rencontre dans le Rite Anglais. Mais, de même que la G.L. a adopté pour les Loges de ce dernier rite, la version dite ‘Emulation Working’, la plus généralement usitée en Angleterre, elle a choisi le texte Ecossais Rectifié qui de l’avis de ses fondateurs, les Grands Maîtres Barrois et Jollois, initiés tous deux dans ce Rite, était la plus conforme à son esprit et à ses traditions. Il n’existe donc aucune raison valable pour que les Frères du N°1 modifient les cérémonies qu’ils ont tous pratiquées depuis leur entrée dans l’Ordre et les Obligations qu’ils ont librement contractées ».

Le Grand Maître Provincial HEWSON fut donc invité, le 7 avril 1937, à « communiquer verbalement » ces conclusions au Vénérable Maître Pierre MASSIOU, Grand Hospitalier Provincial, et à l’Ex Maître Max STAUB50.

Le « Centre des Amis » devait être parallèlement affaibli par plusieurs démissions, témoignages des interrogations de plusieurs Frères dans une société déchirée par la crise.

Né en 1890, ingénieur des Arts et Métiers, membre de « Persévérance » n°27, Maurice FRISQUET rejoignit, le 25 juin 1932, « Le Centre des Amis » en qualité d’Affilié51. Estimant, cependant, être dans l’incapacité d’œuvrer efficacement au rapprochement des Maçonneries britannique et française, il préféra quitter la G.L.N.I.R. et adressa à sa Loge Mère, le 29 janvier 1933, sa démission dont il transmit une copie au Vénérable de son Atelier rectifié, le Grand Archiviste Provincial Roger SOUCHÈRE.

« ……. Je vous ai souvent dit ma déception de ne pouvoir travailler d’une façon positive, sous l’Obédience de la G.L.N.R. à la réalisation des œuvres sociales et humanitaires qui forment mes buts maçonniques.

J’ai éprouvé une grande déception en sentant l’impossibilité de travailler au rapprochement entre les maçonneries anglo-saxonnes et latines en facilitant les occasions de prise de contact avec les frères irréguliers français les plus proches de nous par leurs conceptions. Ce rapprochement serait à mon avis un facteur important de l’entente universelle que nous souhaitons tous.

J’ai la conviction que le fait, de ma part, d’insister encore sur toutes ces questions, risquerait de détruire la bonne harmonie de la Loge, et il est préférable en tous points que je me retire, puisque mes idées ne correspondent pas à celles de mes Frères………… »52.

Directeur général d’une compagnie d’assurances, né en 1876 à Caen, Pierre Jules Ernest BENOIT du REY fut initié, le 2 février 192753, au « Centre des Amis » bien que l’Avis de Notification de sa demande d’Admission, présentée le 29 novembre 1926, ait été accompagné, le 12 janvier 1927, de la mention : « Le candidat a signé une déclaration négative54 ». Après avoir successivement occupé les fonctions d’Économe (1928-1929), de Secrétaire (1929-1930) et d’Orateur (1930-1931), il fut installé dans la Chaire le 24 juin 1931 par le RF W.F. RAY, Député Grand Maître Provincial de Neustrie55 avant de reprendre, pour une année, son plateau d’Orateur (1933-1934)56.

Appelé au Grand Collège Provincial dès le 18 mars 1933 en qualité de Grand Orateur Provincial, il fut nommé, le 20 mars 1936, Premier Grand Surveillant Provincial, mais, en raison de problèmes de santé récurrents, il prêta seulement serment lors de la Tenue Extraordinaire provinciale du 27 octobre 1936 réunie à son intention57.

Quelques mois plus tard, ce catholique pratiquant, fortement ébranlé par l’Encyclique Divine Redemptoris (19 mars 1937) du Pape Pie XI condamnant sans appel le communisme athée58, adressa, le 26 avril 1938, sa démission au Grand Maître Provincial HEWSON en raison de l’implication insuffisante de la Maçonnerie régulière dans la lutte contre cette idéologie59

« ……. J’ajoute que la dernière Encyclique du Pape sur le Communisme oblige tous les Catholiques à lutter activement contre lui. J’estime que l’Ordre qui est basé sur la croyance en Dieu et les ‘five points’ aurait du désavouer publiquement depuis longtemps les Obédiences Irrégulières qui nient Dieu, font de la Politique et le contraire des ‘five points’, sont des foyers du Communisme.

Cela n’a pas été fait et il faut le regretter encore plus qu’il y a deux ans.

Il faut avoir le courage de ses croyances. Catholique pratiquant, j’agis en conformité des ordres du Pape, d’ailleurs approuvés par la High Church et je reprends complètement ma liberté……. »60.

L’année suivante, il sollicita, vainement, sa réintégration au sein de la G.L.N.I.R. « à la suite de la Déclaration de la Grande Loge d’Angleterre et du manifeste des Grandes Loges des Etats-Unis contre le communisme61 ».

Pour Nicolas CHOUMITZKY, un maçon d’origine ukrainienne arrivé en France en 1919 comme délégué à la Conférence de la Paix et qui avait alors rejoint « Le Centre des Amis »62avant d’en démissionner pour rejoindre, le 2 février 1926, la Loge de recherche « St. Claudius » n°2163, le développement du Rite Écossais Rectifié passait par la constitution d’un second Atelier en région parisienne.

En octobre 1937, il adressa, en conséquence, au Grand Maître Provincial HEWSON une pétition « sollicitant la Constitution d’une nouvelle loge sous la désignation ‘Union des Cœurs’ » et désirant travailler selon le rituel en usage dans cette prestigieuse Loge genevoise64.

Après en avoir délibéré le 16 novembre 1937, le Grand Collège Provincial, à l’unanimité moins une voix, « ne jugea pas la création de cette nouvelle Loge opportune » sous le prétexte que vingt des vingt quatre pétitionnaires étaient membres actifs du « Centre des Amis » et « que ce dédoublement inutile n’aurait pour résultat que d’affaiblir cette Loge n°1 »65. Il transmit donc, avec « avis défavorable », cette pétition au Souverain Grand Comité qui, dans sa séance du 9 décembre 1937 présidée par le Grand Maître Provincial HEWSON, rejeta cette requête.

Nicolas CHOUMITZKY réintégra alors, le 11 février 1938, le « Centre des Amis » dont il devint Secrétaire (juin 1938) puis Deuxième Surveillant (janvier 1939) avant d’être installé dans la Chaire, le 24 juin 1939) par le RF B. HOWELL, Deuxième Grand Surveillant Provincial de Neustrie66.

Le 24 février 1938, le TVF STAUB, Secrétaire, informa le Grand Maître Provincial HEWSON de la décision du « Centre des Amis » de célébrer son 25èmeanniversaire et d’éditer, à cette occasion, une plaquette commémorative.

Le Grand Collège Provincial, dans sa séance du 16 mars, n’émit aucune objection hormis le fait « que le texte nous soit soumis avant de procéder à son impression »67.

Lors de la Tenue Extraordinaire du 5 novembre 1938, le Vénérable Maître René HUMERY donna « lecture d’une planche retraçant son histoire »qui avait été préalablement remise au Grand Maître Provincial. Après un silence d’un semestre, celui-ci convoqua, le 3 mai 1939, le Vénérable Maître à une réunion « en présence du F.P. de RIBAUCOURT, fils du fondateur ». Celui-ci formula plusieurs informations qui furent inclues dans le texte définitif transmis, le 20 mai, à la Province68.

Toutefois, dans sa séance du 28 avril 1939, le Souverain Grand Comité avait déjà préconisé « de ne pas donner suite à l’édition de l’historique de la G.L.N.I.R. »69.

Profondément meurtri par cette interdiction, le Vénérable Maître HUMERY écrivit directement, le 23 mai, au Grand Maître Marcel VIVREL pour dénoncer l’arbitraire d’une décision imposée, selon ses affirmations par la Grande Loge Unie d’Angleterre.

« Si je ne vois aucun motif pour un avis défavorable émanant de la G.L.N., je conçois encore moins la forme, sous laquelle a été consultée la G.L. d’Angleterre (en admettant toujours que j’ai bien compris ce qui m’a été dit)………………………………………………….

Je comprends parfaitement que, par courtoisie, la G.L.N. ait consulté officiellement la G.L. d’Angleterre pour lui demander si les faits – intéressant en commun les deux Puissances maçonniques – sont exacts et bien interprétés.

Mais cette demande fraternelle ne saurait :

- ni être officieuse, donc cachée et dissimulant une sorte de vassalité secrète,

- ni pouvoir entraîner une interdiction, incompatible avec notre dignité maçonnique et nationale……………………………………………………………………………………………..

Loin d’être subversive, la publication de l’Historique de la Loge ‘Le Centre des Amis N°I’ est un geste de croyance agissante dans la Maçonnerie et une preuve de son désir formel de régularité.

L’Histoire de notre Loge constitue une des plus belles pages de la Maçonnerie Régulière et démontre le triomphe de la Régularité sur l’irrégularité ………….. Mais il ne nous était même pas venu à l’esprit qu’un Maçon – français ou étranger- put contester le principe même d’une publication, entreprise par la Loge Fondatrice à la plus grande gloire de l’Ordre tout entier ………. »70.

Le Souverain Grand Comité pria alors le Grand Secrétaire de confirmer « sans explications la décision prise le 28 avril »71.

Le programme de conférences sur l’histoire et la spécificité du Régime Écossais Rectifié, élaboré au cours de l’hiver 1940 par le Vénérable Maître Nicolas CHOUMITZKY se heurta enfin à l’incompréhension des responsables de l’Obédience. Au cours de la réunion du Collège des Grands Officiers Nationaux du 24 février 1940, le Grand Maître Marcel VIVREL interdit le premier exposé sur« Martinez de Pasqually et Willermoz ». Il exigea, en outre, de soumettre désormais toute contribution future à l’approbation du Souverain Grand Comité « qui jugera si ce texte peut ou non être lu soit en entier soit après avoir subi des coupures ou des modifications »72.

Une volonté inachevée de symbiose des traditions maçonniques française et anglaise.

La liste des membres établie en juin 1937 recensait 39 Frères répartis en 2 Fondateurs (JOLLOIS et SEVIN), 22 Initiés et 15 Affiliés.

23 membres résidaient à Paris (1er, 5e, 8e, 9e, 10e, 12e, 14e, 16e, 17e, 18eet 20earrondissements), 7 dans la banlieue ouest (Asnières, Clamart, La Garenne-Colombes, Levallois-Perret, Le Vésinet et Neuilly-sur-Seine), 6 en Province (Besançon, Boulogne-sur-Mer, Lille, Lyon, Nice et Saint-Nicolas d’Aliermont en Seine-Maritime), 1 à Monte-Carlo et 2 à l’étranger (John J. AMSTER à Londres et le Comte Maurice MARULLI de BARLETTA domicilié à la Municipalité française de Shanghai)73.

Les Dossiers d’Admission (1924-1927, 1932), les Notifications de Profanes présentés à l’Initiation (1925-1927, 1932-1935) et les Avis d’Initiation (1927, 1932-1935, 1937) permettent ainsi d’appréhender l’origine et la personnalité de 25 profanes invités à rejoindre l’Atelier.

Hormis les ressortissants helvétiques Alfred CHRIST, né à Bâle en 1908, et James Georges BAUD, né à Genève en 1879 mais naturalisé français, ainsi que Hilarion GRIMIAU, né en Belgique en 1895, et Fitz BÉNARD, né à Madagascar en 1902, tous les autres profanes viennent de France Métropolitaine : 6 de Paris, 2 de la région parisienne (Bougival, Courbevoie) et 11 de province dont 3 de la région normande.

21 de ces candidats étaient domiciliés à Paris (6 dans le 17e, 4 dans le 20e, 3 dans le 9e, 2 dans le 10eet 1 dans les 8e, 13e, 14e, 15eet 16e) et 1 à Neuilly-sur-Seine contre 3 en province (Besançon, Nord et Seine-Maritime).

Près de 60% de ces postulants avaient moins de 40 ans (6 de 24 à 27 ans et 8 de 32 à 39 ans) contre 9 de 40 à 48 ans et 2 de plus de 50 ans. Le plus jeune, l’employé de banque Alfred CHRIST, était âgé de 24 ans, et le plus ancien, le publiciste Abel HECQUET, de 57 ans.

Les professions exercées se répartissaient enfin entre le secteur du négoce et de l’entreprise (1 publiciste, 1 directeur général d’une compagnie d’assurances, 1 directeur général de société, 1 industriel, 1 secrétaire général d’une Fédération agricole, 1 architecte, 1 commerçant, 1 négociant et 2 représentants), le secteur culturel (2 compositeurs et chefs d’orchestre, 1 artiste peintre, 1 conservateur de musée, 1 agent artistique et 1 diplômé de l’École des sciences politiques) et le secteur salarial (2 contrôleurs du contentieux, 2 employés de banque, 1 employé de banque, 1 agent commercial, 1 maître d’hôtel, 1 dessinateur industriel et 1 mécanicien).

Seules deux lettres de candidatures étaient jointes à ces dossiers d’admission, notamment le curriculum vitae du chef d’orchestre et compositeur Georges BAILLY, 45 ans, présenté le 10 décembre 1934 et ainsi libellé.

« Ai commencé mes études musicales à l’âge de 7 ans sous la direction de mon Père, ai été ensuite l’élève des Maîtres Paul FAUCHET et Georges CAUSSADE pour l’Harmonie, et Guy ROPARTZ pour le Contrepoint (Conservatoire de NANCY).

Engagé au 6eRégiment du Génie à l’âge de 18 ans (1907) pour faire ma carrière militaire. Nomme Sous-Chef de Musique au 37eRégiment d’Infanterie à NANCY le 1erAvril 1912, réformé pendant la guerre en Avril 1918.

Ai ensuite débuté comme Chef d’Orchestre au Cirque Municipal de TROYES, ensuite à PARIS au Cinéma de la CONVENTION, à l’ALHAMBRA, au Cinéma de la MADELEINE, au GAUMONYT PALACE (Direction METRO GOLDWYN) comme Directeur de la Musique, de nouveau à l’ALHAMBRA et enfin à l’OLYMPIA.

Fais partie de la Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique en qualité de Compositeur.

Titulaire de la Carte du Combattant74 ».

En revanche, un profane, domicilié à Suresnes mais demeuré anonyme en raison de sa signature illisible, avait préféré, le 7 février 1930, mettre un terme à sa démarche après sa rencontre avec le Vénérable Maître André CHACHIGNON.

« A la suite de l’entretien que vous avez bien voulu m’accorder hier soir, j’ai réfléchi.

J’ai le regret de vous informer qu’il me serait impossible de venir chez vous.

Il me serait en effet difficile d’être aussi mystique que vous me l’avez indiqué, car si j’avais eu un tel penchant la religion catholique pouvait me donner entière satisfaction.

Mon idéal actuel, je vous l’ai exposé, est celui de la conscience, le bien et la bonté envers ses semblables.

Je me rends compte que me pliant à votre programme je rentrerai dans un dogme plus exigeant que celui d’une religion établie.

Je vous avouerai que pour moi c’est une grave déception, mais je ne pouvais croire qu’un maçon n’était pas libre de ses conceptions sans en informer sa femme, ceci lui enlevant son libre arbitre à mon avis.

D’autre part vous m’avez parlé d’affaires, après vos explications pour quiconque qui vient à vous la question est pleine de suspicion et par conséquent peu encourageante.

Aussi je vois et je sens que je suis trop loin de votre idéal pour pouvoir vous suivre ….. »75.

Le cursus maçonnique de 36 Affiliés peut être mesuré à partir des Dossiers d’Admission (1924-1927, 1929-1933), des Notifications de Frères présentés à l’Affiliation (1924-1927, 1929-1930, 1932-1933) et des Avis d’Affiliation (1927, 1931-1935).

Ainsi, sur l3 Frères français recensés, 6 étaient nés à Paris, 2 en région parisienne (Saint-Mandé et Claye en Seine et Marne), 4 en Province (Baccarat, Bourges, Royan et Toulon).

9 de ces candidats étaient domiciliés à Paris (2 dans les 10eet 11eet 1 dans les 6e, 8e, 14e, 17eet 18e) et 4 en région parisienne (Bois-Colombes, Chennevières-sur-Marne, Neuilly-sur-Seine et Vincennes).

50% d’entre eux ont moins de 40 ans (5 de 25 à 29 ans et 1 de 31 ans) contre 5 de 2 à 46 ans et 1 de 52 ans. Le plus jeune, l’employé de banque Pierre MASSIOU était âgé de 25 ans, et le plus ancien, le comte Maurice BARLUTTI de BARLETTA, de 57 ans.

Les professions exercées se répartissaient entre le secteur du négoce et de l’entreprise (1 industriel, 2 administrateurs de sociétés, 1 fabricant, 1 négociant, 1 directeur d’hôtel, 1 ingénieur et 1 représentant) et le secteur salarial (1 mécanicien, 1 employé de banque, 1 employé de commerce et 1 employé de la municipalité française de Shanghai).

9 Frères appartenaient à des Ateliers de la G.L.N.I.R. : 5 à la Loge francophone « Persévérance » n°27 et 4 à les Loges anglophones (2 à l’Atelier bordelais « Burdigala » n°22 et 2 à « Georgian » n°11 et « Semper Fidelis » n°20).

Deux Frères venaient de la Grande Loge Unie d’Angleterre : Charles Émile DARGY, reçu Apprenti au sein la « Loge La France » n°260, et Maurice BARLUTTI de BARLETTA, membre de la « Tuscan Lodge » n°1027, orient de Shanghai. Émile BOUDOT, pour sa part, appartenait à la Loge québécoise « Herriot » n°110. L’artiste et régisseur d’orchestre Octave Junius DESJARDINS, enfin, était un ancien membre de la Grande de France (« Les Frères Réunis » n°66) en instance de régularisation.

En dehors des ressortissants irlandais Thomas Patrick BREMAN et helvétique Jules RUSBACK, membre de l’Atelier « Bienfaisance et Fraternité » de la Grande Loge Suisse Alpina, les 21 autres candidats à l’Affiliation étaient des Britanniques établis dans la capitale.

12 de ces candidats étaient domiciliés à Paris (2 dans les 2e, 8e, 16eet 17e et 1 dans les 1er, 9e, 18eet 19e) et 9 en région parisienne (3 à Asnières, 2 à Boulogne et 1 au Bourget, à La Garenne Colombes, à Neuilly-sur-Seine et à Saint-Germain-en-Laye).

50% d’entre eux ont moins de 40 ans (1 de 24 ans et 10 de 32 à 39 ans) contre 7 de 40 à 49 ans et 3 de 52 et 56. Le plus jeune, le tailleur Braham ZEFF, était âgé de 24 ans, et les plus anciens, le couturier Thomas PEACOCK et le commerçant William DUNMORE, de 56 ans.

Les professions exercées se répartissaient entre le secteur du négoce et de l’entreprise (1 directeur de société, 1 directeur commercial, 1 directeur administratif, 1 directeur d’imprimerie, 1 administrateur, 2 commerçants, 3 représentants, 1 couturier, 3 tailleurs et 3 ingénieurs) et le secteur salarial (comptable, cadre de la Croix-Rouge et capitaine de réserve).

21 Frères appartenaient à des Ateliers de la G.L.N.I.R. : 7 à « Britannic » n°9, 6 à « St. George’s » n°3, 3 à « Unity » n°15, 2 à « Georgian » et 1 à « Fidelity » n°10, « Semper Fidelis » n°20 et « Jeanne d’Arc » n°5, à l’Orient de Rouen).

4 Frères relevaient simultanément d’Ateliers français et anglais : Frederick WAGG (membre de « Semper Fidelis » n°20, « Royal Engineers » n°2599 à Londres et « Swallik » n°2959 aux Indes),William DUNMORE (membre de « Britannic » n°9 et de « Commercial » n°1391 à Leicester), Percy OLIVIER (membre de « Georgian » n°11 et de « Undine » n°3394 à Loughton dans l’Essex) et Charles HARRISON (membre de « Britannic » n°9, de « Ewell » n°1851 et de « Ballards » n°5091 situées à Croydon dans le Surrey).

2 Frères, enfin, étaient uniquement membres de Loges anglaise (Robert PAGET, « Royal Naval Volunteer Reserve » n°3923 à Londres) et écossaise (Georges DUTHOIT, « Benoni Kilwinning » au Transvaal).

« Le Centre des Amis » avait, en outre, conservé du Grand Orient de France l’usage ancien d’élire chaque titulaire du Collège des Officiers.

Ainsi, lors de la Tenue du 5 avril 1933, « Chacun des Officiers désigné est élu par 15 (Quinze voix) contre un bulletin blanc sur 16 votants »76.

En revanche, l’année suivante, lors de la Tenue du 4 avril 1934, sur la proposition du Vénérable Maître Pierre CHÉRET, « La L. est unanime, pour gagner du temps, à ne pas demander un vote sur chaque nom, et il est décidé de voter d’une part pour le V.M. et ses deux surveillants, puis pour le reste de la liste »77.

A partir des années 1930, le Vénéralat fut confié à des Frères, initiés ou affiliés, possédant seulement une dizaine d’année d’activité maçonnique.

Pierre CHÉRET, initié en 1922 à « Georgian » n°11, Vénérable Maître de « Persévérance » n°27 (1928-1929), Grand Porte Étendard National 1932-1935) fut coopté en 1926 au « Centre des Amis ». Trésorier (1928-1929), Deuxième Surveillant (1929-1930), Maître des Cérémonies (1931-1932), Orateur (1932-1933), il fut élu Vénérable Maître, par 15 voix contre 1 bulletin blanc, lors de la Tenue du 5 avril 193378. En juin 1937, il ne figurait plus toutefois sur la liste des membres.

Pierre MASSIOU, initié en 1928 à « Burdigala » n°22 fut coopté, l’année suivante » au « Centre des Amis ». Secrétaire Adjoint (1930-1931), Trésorier (1931-1932), Deuxième Surveillant (1932-1933), Premier Surveillant (1933-1934), il fut élu Vénérable Maître à l’unanimité des 12 votants lors de la Tenue du 4 avril 193479. Il occupa à nouveau la Chaire en 1936-1937.

Ressortissant britannique, George Wallace MACKAY, initié en 1931 à « St. George’s » n°3, fut coopté en 1933 au « Centre des Amis ». Secrétaire Adjoint (1933-1934), Secrétaire (1934-1935), Deuxième Surveillant (1935-1936), Premier Surveillant (1936-1937), il fut élu Vénérable Maître, par 16 voix contre 1 bulletin blanc, lors de la Tenue du 9 avril 193780.

Ingénieur des Mines, René HUMERY avait été initié le 26 mai 1910, passé Compagnon le 3 février 1911 et élevé à la Maîtrise le 8 juin 1911 par la Loge « La Libre Pensée », Grand Orient de France. Affilié ultérieurement à « L’Effort » et à « L’Union des Peuples » en 1925, il participa également, en 1920, à la fondation de la Loge « Agni » dont il fut élu Premier Surveillant. Coopté ensuite 18eau sein du Chapitre « L’Effort » en 1923, il fut reçu 30e, en 1926, au Conseil Philosophique éponyme puis promu 31e. Conférencier émérite, il présenta, en outre, de nombreux travaux dans des Loges symboliques et des Ateliers supérieurs du Grand Collège des Rites : A la gloire de Satanet La légende de Satan en 1925, L’agonie du Christianisme en 1926, L’histoire des religions dans les lycéeset L’enseignement de l’histoire des religions en 1927, L’Allemagne telle que je l’ai vueprésentée devant la Loge Espérance 789du Droit Humain le 6 février 193481.

Régularisé le 24 juin 193582, René HUMERY, Premier Surveillant en 1936-1937, fut élu Vénérable Maître, par 14 voix contre 1 bulletin blanc, lors de la Tenue du 8 avril 193883.

En dehors des Tenues supplémentaires, « Le Centre des Amis » se réunit d’abord jusqu’en mai 1935 le 1ermercredi de chaque mois puis, après quelques errements durant dix-huit mois, le 2èmevendredi à partir de novembre 1936.

Les agapes se déroulèrent principalement à l’Hôtel Petrograd ou de Saint-Pétersbourg, 33 rue Caumartin (9e) de 1922 à 1930 puis de 1935 à 1939, mais également au Restaurant Le Radio, 64 boulevard de Clichy (18e) en 1929-1930, à l’Hôtel de Paris, 9 boulevard de la Madeleine (1er) en 1930, à l’Auberge du Clou, 30 avenue Trudaine (9e) en 1932 et à l’Hôtel Universel, 19 rue de la Victoire (9e) de 1932 à 1935.

Les Banquets d’Installation, fixés à la Saint-Jean Baptiste en juin, furent majoritairement organisés à l’Hôtel de Saint-Pétersbourg (1924, 1927, 1928, 1930, 1933, 1934, 1936, 1938 et 1939), mais aussi au Restaurant Le Radio (1929), à l’Auberge du Clou (1931, 1932), à l’Hôtel Palais d’Orsay (1935) et à l’Hôtel des Deux-Mondes, 22 avenue de l’Opéra, dans le 1er(1937).

Les Tenues furent presque exclusivement consacrées aux cérémonies rituelles, aux planches d’augmentation de salaire et à des explications des catéchismes et instructions morales du Rite Écossais Rectifié.

Les quelques travaux présentés portèrent d’abord sur la spécificité du rite : L’Ouverture de la Loge par Pierre BENOIT du REY (1eroctobre 1930) et Le Rite Écossais Rectifiépar le Député Grand Maître JOLLOIS(2 mars 1932). Le Vénérable Maître René HUMERY intervint sur La Loi du Silence (27 décembre 1938) et La Maçonnerie et le Rôle des Élites(10 février 1939) tandis que son successeur Nicolas CHOUMITZKY pouvait uniquement reprendre, le 3 avril 1940, un travail qu’il avait déjà présenté en anglais le 7 décembre 1926, devant la Loge de Recherche « Saint Claudius » n°21 sur Les Relations entre la Maçonnerie Anglaise et la Maçonnerie Française.

Une réflexion commune fut également conduite sur L’Union des Forces Spirituelles (10 mars 1939).

Lors de la Tenue Exceptionnelle du samedi 5 novembre 1938, « Le Centre des Amis » tint à commémorer le 28èmeanniversaire de son réveil et le « 25eanniversaire de son passage sous l’obédience de la G.L.N. »par une lecture d’un travail collectif, Histoire de la Loge « Le Centre des Amis » N°1 et son rôle dans la résurrection de la régularité maçonnique.

Une Tenue d’urgence fut en outre autorisée, le 5 décembre 1934, pour permettre à l’historien d’art Fernand MERCIER, directeur du musée de Besançon, initié au « Centre des Amis » en 1933 et élevé à la Maîtrise l’année suivante, à prononcer une conférence sur L’Idée de la Mort au Moyen-Âgeselon le canevas soumis au Vénérable Maître Pierre MASSIOU.

« Mon cher Vénérable et B.A.F.

Vous pouvez être tout à fait tranquille. L’exposé que je vais vous faire sur l’idée de la mort pourra être entendu par tout le monde. Je le mettrai à la portée de chacun.

L’ensemble de mon travail est, je crois, absolument original et n’a été traité par personne. C’est le résultat de nombreuses recherches dans les Eglises et les musées d’Europe.

Parmi mes projections, il y aura des tableaux et des sculptures. Mes plaques sont très claires et bien nettes. Avec une bonne lanterne, on voit toujours très bien…… 84 ».

Le parcours pathétique de Roger SOUCHÈRE constitue un témoignage poignant des espérances, des interrogations et des désillusions de l’un de ces Frères du « Centre des Amis » profondément attaché à sa Loge et à son Rite.

Né en 1898 à Courbevoie, ingénieur et architecte, Roger Scipion SOUCHÈRE fut initié le 7 mai 1924, passé le 3 décembre 1924 et élevé à la Maîtrise le 2 décembre 192585. Trésorier (1926-1927), Deuxième Surveillant (1928-1929)86, Premier Surveillant (1930-1932), il fut installé dans la Chaire, le 25 juin 1932, par le RF W.F. RAY, Député Grand Maître Provincial87. Vénérable Maître de « Confiance » n°25 en 1929-193088, il rejoignit au cours de son mandat le Grand Collège Provincial de Neustrie en qualité de Grand Archiviste Provincial (février 1930)89avant d’être nommé Deuxième Grand Surveillant Provincial lors de la Tenue de Grande Loge Provinciale du 20 mars 1933 puis confirmé lors de celle du 20 mars 193690.

Proche de Pierre BENOIT du REY, dont il partageait la foi catholique, il démissionna avec fracas de la G.L.N.I.R., le 1ermai 1937, en dénonçant, auprès du Grand Maître Provincial HEWSON, la passivité, confinant selon lui à de la lâcheté, des Grands Officiers de l’Obédience.

« Depuis plusieurs années je me suis éloigné de nos Temples poussé par l’attitude négative des Chefs Supérieurs de l’Ordre qui laissent subsister une équivoque entre notre Obédience régulière et les organisations irrégulières.

En refusant de prendre position sur le point religieux et en répondant par des fins de non-recevoir à toutes les demandes qui leur ont été adressées afin d’obtenir que l’Obédience affirma hautement son attachement aux principes moraux et divins qui doivent lui servir de base, nos Chefs ont lourdement engagé leur responsabilité vis-à-vis des FF. Français.

Seule la présence d’un Frère ami m’avait fait rester dans l’Ordre. Le départ de ce Frère dont je partage entièrement les convictions religieuses et morales vient de rompre le dernier lien qui me retenait à la Grande Loge Nationale.

Désirant comme lui et pour les mêmes motifs cesser toute activité et reprendre ma liberté je viens vous prier, T.R.G.M. Prov. D’accepter ma démission.

Je n’oublie pas les nombreuses années pendant lesquelles j’ai vécu en communion d’idées avec vous et je tiens à ce que vous pensiez que dans ces circonstances graves seules des raisons aussi puissantes ont pu inspirer ma décision91».

Le TRF HEWSON informa alors le Grand Collège Provincial de cette démission lors de sa réunion du 11 mai 1937, mais, en raison des critiques formulées contre les Chefs de l’Ordre, il la transmit au Souverain Grand Comité92.

En février 1940, Roger SOUCHÈRE, déjà meurtri dans sa chair par les premiers combats de la Seconde Guerre Mondiale où il avait été mobilisé en tant que capitaine d’Artillerie, adressa sa demande de réintégration au « Centre des Amis »93.

Le Vénérable Maître Nicolas CHOUMITZKY appuya, sans réserve, sa requête auprès d’un Grand Maître Provincial toujours réticent.

« Lors de notre entretien, le 26 février, vous avez exprimé certaines réserves au sujet d’une demande de réintégration faite par l’ancien membre de ma Loge, - le f. Roger SOUCHERE, due à sa lettre de démission irréfléchie.

Je me permets d’attirer votre attention sur la belle conduite de ce frère au début de la guerre.

- En effet, père de 5 enfants, ce frère a demandé d’être envoyé aux premières lignes où il a été grièvement blessé lors de l’offensive en Allemagne.

- A peine rétabli, il a redemandé d’être envoyé au front.

Comme vous avez bien voulu me souligner votre désir de porter un apaisement dans notre Loge, je me permets de vous solliciter de ne pas faire objection à sa réintégration, car je crains, qu’une telle interdiction pourra produire très mauvaise impression parmi les Frères Français94 ».

Consulté lors de sa réunion du 12 avril 1940, le Grand Collège Provincial de Neustrie, présidé, en l’absence du TRF HEWSON par le Député Grand Maître Provincial F. ISITT, « d’une manière admirable et absolument impartiale »,demeura profondément divisé : 5 se prononcèrent contre sa réadmission, 4 s’abstinrent ; le Député Grand Maître Pierre GALICHET réservant sa réponse aux Grands Officiers Nationaux95.

Le Grand Collège Provincial transmit donc, le 15 avril 1940, sa demande au Souverain Grand Comité « sans recommandation définitive favorable ou défavorable », mais assortie toutefois des réserves suivantes.

« ….. En ce faisant, toutefois, le Grand Collège Provincial respectueusement et bien sincèrement soumet à la considération du Souverain Grand Comité qu’étant donné les circonstances dans lesquelles le T.V.F. Souchère a rompu ses relations avec la Grande Loge Provinciale et les Loges Privées, et en présence de son attitude générale envers l’Ordre pendant qu’il était membre, sa réadmission ne devrait être favorablement considérée que s’ils existent de fortes raisons permettant de croire que les vues Maçonniques du candidat ont entièrement changées.

De plus, le T.V.F. Souchère en transmettant sa démission, et même avant cette démission, a critiqué notre Grande Loge et ses Chefs. Aussi le Grand Collège Provincial estime que toute réadmission de ce Frère devra également dépendre du retrait total des termes de sa lettre de démission et d’une reconnaissance par lui que les opinions exprimées y étaient injustifiées et entièrement irrégulières96 ».

BIBLIOGRAPHIE

Archives de la Grande Loge Nationale Française

I – Archives Russes (série AR)

2AR 3 – Souverain Grand Comité. Registre des procès-verbaux. 1917-1930.

3AR 1 - Grande Loge Provinciale de Neustrie. Registre des procès-verbaux. 1928-1933.

3AR 2 – Grande Loge Provinciale de Neustrie. Registre des procès-verbaux. 1933-1937.

3AR 4 – Loge de Maîtres Écossais de Saint André « Rénovation »-Chapitre n°1. Planches. 1928-1929.

1AR 4 – « Centre des Amis » n°1. Démission du F. Roger SOUCHERE (1ermai 1937), demande de réintégration (15 avril 1940), correspondance du Vénérable Maître et du Grand Secrétaire Provincial de Neustrie. 1937-1940.

II – Archives centrales du Boulevard Bineau (série WB).

17WB 1 – « Centre des Amis » n°1. Convocations. 1922-1939.

22WB 5 - « Centre des Amis » n°1. Convocations. 1930-1940.

13WB 21 - « Centre des Amis » n°1. Convocations. Liste des membres. Notifications de profanes présentés à l’Initiation et de frères à l’Affiliation. Avis d’Initiation et d’Affiliation. Notifications de l’élection d’un Vénérable Maître. 1922-1938.

22WB 9 - « Centre des Amis » n°1. Correspondance. 1917-1918, 1930-1939.

13WB 23 - « Centre des Amis » n°1. Correspondance. 1919-1933.

9WB 17 - « Centre des Amis » n°1. Correspondance. 1922-1938.

17WB 3 - « Centre des Amis » n°1. Correspondance. 1925-1936.

17WB 2 - « Centre des Amis » n°1. Notifications de profanes présentés à l’Initiation et de frères à l’Affiliation. Avis d’Initiation et d’Affiliation. 1926-1935.

13WB 22 - « Centre des Amis » n°1. Demandes d’Admission. 1924-1933.

Archives de la Grande Loge de France

Fonds Russe.

Fonds 93/Opis n°3/Boite 2 – Souverain Grand Comité. Registre des procès-verbaux.

1930-1940

Notes :

1 Bibliothèque de la G.L.D.F. Archives russes. Livre d’Architecture de la Loge Anglaise N°204, 17 décembre 1913-23 mars 1931 (Fonds 112/Opis n°4/Boite 10).

2 PORSET (Charles), La Franc-Maçonnerie en province sous la IIIe République. Histoire de la Loge La Concorde à l’Orient de Bordeaux. 1884-1946, Bordeaux 1981 (reprint Paris 1984), pp. 160-161.

3 BERNHEIM (Alain), Savoire (Camille). Encyclopédie de la Franc-Maçonnerie (sd. Éric Saunier), La Pochothèque, 2000, pp. 797-799.

4 NOËL (Pierre), Le Rite Ecossais Rectifié en France au XXe siècle. Travaux de la Loge nationale de recherches Villard de Honnecourt, n°45, 2000, p. 206.

5 Compte Rendu des Travaux du Grand Orient de France. Suprême Conseil pour la France et les Possessions Françaises. 70e année, 1914. Circulaire n°2 du Conseil de l’Ordre (4 février 1914).

6 BRODSKY (Michel), Grande Loge Nationale Française. Encyclopédie de la ….. op. cit. pp. 369-371.

7 Édouard de Ribaucourt. 1913-2013. 100 ans de spiritualité maçonnique. Le Livre du Centenaire. Grande Loge Nationale Française, Partenaires-Livres, 2013, p. 211.

8 Wyss à Warne, 16 avril 1918 (22WB9).

9 Wyss à Warne, 30 mai 1918 (22WB9).

10 Wyss à Barrois, 11 décembre 1917 (22WB9).

11 Drabble à Miller, 7 février 1924 (13WB23).

12 Barrois à Miller, 29 février 1924 (13WB23).

13 St. George’s Lodge N°3 Paris. A Short History of The Lodge 1914-1935, pp. 8-9, 27-28; DYER (Colin), The history of the first 100 years of Quatuor Coronati Lodge N°2076, 1986, p. 60.

14 « Centre des Amis » n°1. Convocations, 1922-1939 (17WB1).

15 Op. cit. note 14.

16 « Centre des Amis » n°1. Liste des membres, 24 janvier 1926 (17WB2).

17 « Centre des Amis » n°1. Convocations, 1922-1933 (13WB21).

18 Op. cit. note 16.

19 Shaw, Grand Secrétaire Provincial de Neustrie, à Benoit du Rey, secrétaire, 6 mars 1930 (13WB23).

20 « Centre des Amis » n°1. Liste des membres, décembre 1932 (17WB1).

21 Op. cit. note 17.

22 Op. cit. note 14.

23 NOËL (Pierre), Le Rite Ecossais Rectifié en …… op. cit. note 4, p. 174.

24 Registre des procès-verbaux du Souverain Grand Comité, 1917-1930 (2AR3).

25 Grande Loge Provinciale de Neustrie. Pétition des fondateurs pour constituer une Loge de MESA à Paris, printemps 1924 (38WB44).

26 Op. cit. note 24.

27 Op. cit. note 24.

28 Loge de Maîtres Écossais de Saint André « Rénovation »- Chapitre n°1. Planches, 1928-1929 (3AR4).

29 NOËL (Pierre), Le Rite Ecossais Rectifié en …… op. cit. note 4, pp. 175-177.

30 Registre des procès-verbaux de la Grande Loge Provinciale de Neustrie, 1933-1937 (3AR2).

31 Op. cit. note 30.

32 « Centre des Amis » n°1. Demandes d’Admission, 1924-1933 (13WB22).

33 « Centre des Amis » n°1. Avis d’Affiliation, 1931-1935 (17WB2).

34 Op. cit. note 14.

35 « Centre des Amis » n°1. Notifications de l’Élection d’un Vénérable Maître, 1933-1938 (13WB21).

36 Registre des procès-verbaux du Souverain Grand Comité, 1930-1940 (Fonds 93/Opis n°3/Boite 2).

37 Op. cit. note 14.

38 DAFFOS (Dominique) et HILLION (Patrick), De l’originalité de la pensée de Camille Savoire. Actes du Colloque de la Société Française d’Études et de Recherches sur l’Écossisme (S.F.E.R.E.) du 14 avril 2007, p. 43.

39 Op. cit. note 36.

40 Op. cit. note 38.

41 Op. cit. note 36.

42 « Centre des Amis » n°1. Comité du 21 octobre 1935 (17WB3).

43 Op. cit. note 36.

44 Op. cit. note 36.

45 Op. cit. note 36.

46 Op. cit. note 30.

47 Op. cit. note 36.

48 Op. cit. note 36.

49 Staub à Shaw, Grand Secrétaire Provincial de Neustrie (Fonds 93/Opis n°3/Boite 2).

50 Op. cit. note 36.

51 Op. cit. note 33.

52 Frisquet au Vénérable Maître de « Persévérance » n°27, 29 janvier 1933 (9WB17).

53 Op. cit. note 16.

54 Op. cit. note 32.

55 Op. cit. note 17.

56 « Centre des Amis » n°1. Convocations, 1930-1938 (17WB1).

57 Op. cit. note 30.

58 MOURRE (Michel), Dictionnaire Encyclopédique d’Histoire, Bordas, 1978, p. 3453.

59 Benoit du Rey à Hewson, 26 avril 1937, (3AR2).

60 Op. cit. note 30.

61 Op. cit. note 36.

62 1913-2013. 100 ans de spiritualité maçonnique……. op. cit. note 7, p. 70.

63 « Saint Claudius » n°21. Liste de membres, 1925-1939 (3WB11).

64 Op. cit. note 30.

65 Op. cit. note 36.

66 « Centre des Amis » n°1. Convocations, 1930-1940 (22WB5).

67 Shaw à Staub, 17 mars 1938 (9WB17).

68 Humery à Vivrel, 23 mai 1939 (22WB9).

69 Op. cit. note 36.

70 Op. cit. note 69.

71 Op. cit. note 36.

72 Op. cit. note 36.

73 « Le Centre des Amis » n°1. Liste des membres, juin 1937 (17WB1).

74 « Centre des Amis » n°1. Notifications de profanes présentés à l’Initiation, 1932-1935 (17WB2).

75 Profane à Chachignon, 7 février 1930 (9WB17).

76 « Centre des Amis » n°1. Extrait du protocole de la Tenue du 5 avril 1933 (13WB21).

77 « Centre des Amis » n°1. Extrait du protocole de la Tenue du 4 avril 1934 (13WB21).

78 Juridiction de la Province de Neustrie. Notification de l’Élection d’un Vénérable Maître, 7 avril 1933 (13WB21).

79 Juridiction de la Province de ……. op. cit. note 79, 31 mai 1934 (13WB21).

80 Juridiction de la Province de ……. op. cit. note 79, 12 avril 1937 (13WB21).

81 Bibliothèque de la G.L.D.F. Fiche maçonnique de René, Jacques, Guy HUMERY établie par le Service des sociétés secrètes du gouvernement de Vichy.

82 Op. cit. note 56.

83 Juridiction de la Province de ……. op. cit. note 79, 12 avril 1938 (13WB21).

84 Mercier à Massiou, 2 novembre 1934 (17WB3).

85 Juridiction de la Province de Neustrie. Notification de frères présentés à la réintégration, 21 février 1940 (1AR4).

86 Op. cit. note 17.

87 Op. cit. note 66.

88 Op. cit. note 24.

89 Registre des procès-verbaux de la Grande Loge Provinciale de Neustrie, 1928-1933 (3AR1).

90 Op. cit. note 30.

91 Souchère à Hewson, 1er mai 1937 (1AR4).

92 Op. cit. note 30.

93 Op. cit. note 87.

94 Choumitzky à Hewson, 25 mars 1940 (1AR4).

95 Shaw à Hewson, 15 avril 1940 (1AR4).

96 Shaw à G.H. Hargreaves, Grand Secrétaire, 15 avril 1940 (1AR4).