L'Ecossais
publication annuelle du Suprême Conseil, Grand Collège du Rite Ecossais Ancien Accepté Grand Orient de France, n° double 18 et 19, paru à l'occasion de «l'année de l'écossisme» (2015).
par Jacques Tournan
Ce n° est consacré aux premières années de «Rite Ecossais Ancien Accepté» en France.
Pour rappeler quelques dates de base :
- 1801, 1er Suprême Conseil du monde à Charleston (Etats-Unis)
- 1804, 1er Suprême Conseil du 33e degré en France
- 1815, Suprême Conseil et Grand Consistoire des rites en France (GODF), ancêtre du susdit SC
- 1821, Suprême Conseil de France (en lien aujourd'hui avec la Grande Loge De France)
Pierre Mollier dans un article intitulé : « 1815 : Du Suprême Conseil au Grand Consistoire des rites pour la France, le GODF réaffirme sa souveraineté sur le Rite Ecossais ancien Accepté » retrace cette histoire.
Dès l'arrivée en France du REAA -rite de hauts grades, qui commence de fait au 4e et qui est administré par un SC- la question, vieille comme la Maçonnerie, s'est posée de savoir qui dirigerait le rite en dernier ressort. Le GODF, seule obédience de l'époque, ou le SC ? On connaît la réponse des anglais en ce domaine : une obédience maçonnique ne peut, en aucune manière être sous la dépendance d'un organisme de hauts grades, SC ou autres. C'est également la position du GODF. On devine que ce n'était pas l'avis de certains membres du 1er SC dit indivis. S'en suivent quelques années (1804-1815) d'une bataille de pouvoir entre le GODF et ces membres du SC dit indivis, bataille où l'on chercherait en vain la moindre préoccupation initiatique ou traditionnelle. Pierre Mollier souligne néanmoins «des conceptions un peu différentes de l'écossisme» qui pourraient sous-tendre ce conflit. Certains auraient voulu remettre en avant le Rite de Perfection, ancêtre au XVIIIe siècle du REAA, contestant de facto la « réforme » de ce dit rite sous forme de REAA. Mais en fait, c'était une tentative de rattacher directement le GODF au rite de Perfection, c'est-à-dire aux racines du REAA, donc sans passer par la « réforme » américaine qui constituera le REAA importé en France en 1804 par de Grasse-Tilly, et revendiquer, au passage une plus grande ancienneté que le dit REAA. Même derrière les soi-disant différents doctrinaux, ce sont, à travers la problématique de "l'ancienneté", des questions de pouvoirs qui sont en jeu. Refrain bien connu. Quoiqu'il en soit les 2 SSCC d'aujourd'hui -GODF et GLDF- remontent à la même source.
On trouvera un tableau synoptique très éclairant sur les différents SSCC en France des origines à nos jours (p. 28-29).
Dans ce n° on trouvera aussi des documents :
- le fac-simile du 1er livre d'architecture du 1er SC 1804-1812 (document conservé aux Etats-Unis)
- le fac-simile des rituels du 19 au 30e puis du 32e « Prince du Royal Secret » pratiqué à partir de 1815 dans le Suprême Conseil et Grand Consistoire des rites en France (GODF)
- des portraits biographiques de Grands Commandeurs dont Camille Savoire et Joannis Corneloup (1898-1978).